mardi 5 mars 2013

Lire chez les autres

Lectrice
Lire chez les autres. Ca permet de les connaître, d'entrer en relation d'une autre façon. Je regarde les titres sur les étagères. Y'a-t-il des polars, des dictionnaires, des livres d'art ? Comment est-ce rangé : par auteur, par collection, en piles verticales, horizontales ? Parfois, je tombe sur un amateur de livres de poche qui classe par éditeur et sur plusieurs rangées. Quelqu'un qui apprécie les repères colorés et lutte contre le manque de place, on se ressemble. D'autres fois, c'est le désordre, on ne sait par où commencer... une invitation à déambuler...

Les titres sont-ils en langue française ? Une bibliothèque dans une autre langue semble étrange, difficile voire décourageante. Mais les bibliothèques multilingues sont très attirantes. Qu'est-ce qui est posé en évidence, qui vient d'être lu, attend de l'être ? Les pages des livres sont-elles cornées ou alors c'est le royaume du marque-page bien propret, dans cette maison ? Je m'imprègne. Je découvre. Un auteur que je ne connaissais pas, un livre dont j'avais entendu parler. Un titre au hasard où je vois une dédicace manuscrite, d'amis ou de collègues, ça me touche.

Il arrive que le visiteur s'exclame, devant ma bibliothèque: "tiens, on lit la même chose!". Ainsi éclosent des conversations autour des livres, comme d'autres parlent de leur chien ou de leur chat. Même à l'institut de beauté, on a discuté romans la semaine dernière, la veine humour noir amuse Vénus, l'esthéticienne. Elle a sorti un livre de derrière la caisse : Franz Bartelt, Les bottes rouges, il paraît qu'elle le dévore, ces temps-ci. J'en aurais volontiers fait autant, on était bien, dans la blancheur cool et zen de l'institut.

J'aime lire tranquillement installée et dans le silence. Le lieu inconnu me devient peu à peu connu, comme la personne qui l'habite. A son retour, même si c'est dans 3 minutes, plus rien ne sera pareil, c'est sûr.

mercredi 27 février 2013

Campanule


campanuleCampanule, coquelicot, marguerite, myosotis, rose trémière, pensée, iris, hortensia, jonquille, oeillet, tulipe, arum du jardin de mon père, mimosa, bouton d'or, crocus, jacinthe, primevère, muguet, violette, edelweiss, pervenche, perce-neige, rose de Noël, clématite, glycine...

Lire des fleurs me transporte ailleurs, dans un village de montagne, en été.

Lire des fleurs me transforme. Campanule et moi ne faisons qu'une.

samedi 23 février 2013

Blogs de mode (et de modeuses)

dressing
Sur le web, tout le monde s'est mis à parler à tort et à travers de n'importe quoi. C'est comme un immense hall de gare, un bazar où les bonimenteurs (et teuses) vous hurlent silencieusement à la face ce qu'ils ont à vous dire. Par moments ça me fatigue, mais souvent ça m'amuse et ça m'épate. Les blogs de mode sont un de mes plaisirs de lecture. Un dressing géant et sans cesse renouvelé. On y trouve des pseudos poétiques (cliquez sur les noms pour les découvrir): Deedee de Paris, la bobo chic ; Big beauty, la sensible ; Zoé Macaron, de Lyon ;  la star Caroline Daily... Tant de filles qui se donnent beaucoup de mal pour se faire remarquer (je ne sais pas si les blogs mode de garçons existent). Quelle patience. Quel dévouement à la cause du look. Quelle écriture aussi. La blogueuse de A Certain Romance, maintenant grande manitoue du magnifique Wasted Hours est peut-être ma préférée, avec ses titres hilarants, ses narcissistic fashion reports et ses recettes so light.

Les images sont souvent belles ; généralement prises en extérieur, même en plein hiver, on se dit qu'elles sont courageuses, les filles, à déambuler comme ça en talons hauts et t-shirt par -10°, juste pour la joliesse de la prise de vue... Parfois je trouve cet exhibitionnisme indécent voire vulgaire, cette débauche d'argent et de luxe, mais le plus souvent je ressens de la sympathie (ressentirais-je la même sympathie pour une prostituée ?). C'est une occasion de chiper des idées de look, sourire, s'identifier. Car on a affaire à de vraies femmes, qui ont plus de 16 ans et ne pèsent pas 40kg toutes mouillées, qui portent autre chose que des marques hors de prix. Rien à voir avec un magazine de mode. Un faux réalisme réaliste et inspirant, en somme.  
 
Et puis, les conseils. Avant, comment aurait-je su que le manteau bi-matière était le must de l'hiver 2012-2013 (ce qui m'a évité d'en acheter un, non soldé mais déjà démodé, le mois dernier) ? Que les escarpins à paillettes, ça n'existait pas que dans mes rêves (c'est comme ça que j'ai dégotté la boutique Annabel Whinship à Saint-Germain-des-prés et que je porte au fin fond de ma province des chaussures de princesse très chères) ? Que le marine était le nouveau noir, que cet été, on porterait du pastel ? Bravo les filles. On s'en fout des discours féministes qui disent que c'est de l'aliénation aux codes de la séduction. Des détracteurs qui arguent que vous portez surtout des tenues de camouflage de votre community management au service des marques. Et on s'en fout d'être les esclaves consentantes du système capitaliste, c'est tellement bon de se faire jolie...

mercredi 20 février 2013

Classiques


Certains rêvent de posséder des volumes de La Pléiade. Pas moi. Plus maintenant, alors que ça me tentait, il y a 15 ou 20 ans. Je trouve à présent que ces objets ont l'air mort. On dirait qu'ils sont faits pour se dessécher sur une étagère. Le papier bible, tellement peu lisible, déprimant... Et puis des classiques, quel intérêt, alors qu'il en y en tant dont on se fiche... Balzac, Proust, même l'envie d'essayer m'a passé...  Zola certes reste un grand souvenir, j'ai tellement espéré pour Gervaise dans L'Assommoir; Stendhal, Maupassant aussi... presque autant que Stephan Zweig. Mais je ne les lis plus ; je suis désormais davantage émue par Albert Cohen (qui je crois est dans la Pléiade... Pauvre Solal, reclus dans la Pléiade...) ou Mario Vargas Llosa.

Peut-être qu'au fil du temps les classiques sont voués à disparaître. Même en classe de français au collège, ils sont remplacés, poussés dehors par d'autres classiques émergents. Au programme de sixième, il y a L'Odyssée... ensuite, ça passe directement à Vendredi ou la vie sauvage et autres littératures contemporaines, avec éventuellement un bref intermède Molière. Tout ça sans lire un livre en entier, des extraits, des manuels suffisent. Car tout fonctionne par bribes, ici-bas, il y a tant de contenu à assimiler et si peu de temps à y consacrer.

Récemment, quelqu'un m'a dit que le savoir livresque et encyclopédique ne perdurerait pas ; qu'on n'apprendrait bientôt à ne plus communiquer que par message de 140 caractères, et pas seulement sur Twitter. L'argument était que la façon dont se transmet la pensée n'est pas figée ; on est passé de l'écriture imagée sur papyrus à l'écriture alphabétique. Inventer une masse de connaissances ramassée dans un gros livre a pris des siècles. Pourquoi ne morcelerait-on pas à nouveau la pensée en petits fragments, facilement assimilables, pré-mâchés ? Ca correspond bien mieux à l'esprit de l'époque. C'est pas con, je me suis dit, dans ma tête... ma tête farcie de bribes de machins piochés çà et là... Pourtant, sur les liseuses, on peut maintenant télécharger des classiques tombés dans le domaine public. Les Misérables, La guerre des Gaules ou Les possédés, disponibles sur Amazon pour 0 euro. Bien sûr que des milliers de lecteurs s'emparent de ces fichiers, mais combien les lisent encore, d'un bout à l'autre et sans faiblir ?