Affichage des articles dont le libellé est Satyajit Ray. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Satyajit Ray. Afficher tous les articles

lundi 11 février 2013

Satyajit Ray

J'attends que l'énergie vitale revienne. En attendant j'imagine des scènes réconfortantes (c'est l'inconscient qui prend les manettes, essaie de conjurer la tristesse et l'angoisse). Revient ainsi à ma mémoire une séance d'analyse matinale dans une période où j'étais tellement désespérée, vidée, qu'à la fin, j'avais dit à mon analyste que je ne voulais pas partir. Que je préférais rester sur son divan toute la journée, même si le patient suivant avait déjà sonné et qu'elle m'avait signifié clairement que la séance était terminée. Je me sentais bien, recroquevillée et au chaud, sur ce divan un peu miteux, dans ce cabinet suranné avec une vieille analyste légèrement obsédée par la pendule et le chèque final. J'avais donc dit que je m'installais là, précisant que je resterais silencieuse et que je l'écouterais me  parler, parce que moi j'avais plus du tout le courage... Elle avait demandé, très calmement et toujours assise derrière moi : "et qu'aimeriez-vous que je vous dise ?". J'avais répondu, après un moment de silence et d'hésitation: "... peut-être... que là je passe un moment dur, désespérant, triste, mais que ça ira mieux bientôt.... Que j'ai de la ressource.... Que je vais en sortir". Alors, dans un rire, elle avait conclu, en se levant : "eh bien c'est parfait, vous vous l'êtes dit ! On va s'arrêter là". J'avais souri aussi de cette réplique et trouvé alors la force de me lever du divan pour traverser cette affreuse journée (bien plus affreuse que celles que je traverse en ce moment).
Hier soir, j'ai enfilé par-dessus mon pyjama mon pull bleu tout doux en laine, qui me tient chaud en période de tristesse. Je me sentais très lasse et me suis mise au lit très tôt. Eteint la lumière, pas envie de lire. Dans le noir, le sommeil ne venait pas, j'avais froid malgré l'empilement du pyjama et du pull, la boule de la peur au ventre. Alors a surgi la pensée que je pourrais être recroquevillée et bien au chaud sur le divan d'un ami et que je l'écouterais parler. Que peut-être, il serait question d'un film de Satyajit Ray que j'avais eu envie de voir quand j'avais encore de l'énergie vitale. Je me suis laissée bercer par ce rêve éveillé (où j'écoutais sans parler, plus le courage ; Satyajit Ray, connais pas, de toute façon...). Ca m'a apaisée, je me suis endormie.
Plus tard, j'ai pensé que comme souvent, l'inconscient remet d'aplomb plus rapidement que la rationalité consciente. Il fait plonger bien plus profond dans le noir aussi. J'ai des cauchemars, des terreurs nocturnes où on me menace de mort quand je ne suis pas à la hauteur.