Tout se téléscope, de bon matin, les lunettes à peine enfilées et le thé pas encore infusé. Une invitation à dîner, profiter que les enfants soient partis pour se faire une soirée entre adultes irresponsables. Chouette. Un coup de fil aux enfants justement, bien dormi bien mangé tout va bien bla bla bla. Un message Facebook de ma sœur pour les emmener a la playa, toujours ses expressions qui me font sourire. Un mail de l'ami d'outre-mer à propos de l'idéologie du dire, du vite-dire et de la décharge par le dire. Comme il a raison, je ne manquerai pas de le lui dire. Une offre d'achat d'aspirateur, une super occase ! à saisir, écrit mon compagnon. Ca dépend du poids de l'engin, je réponds, de toutes façons l'électroménager, au petit déjeuner, hein. J'aimerais plutôt un sms érotique, un bonjour plein de désir, de la tendresse, bordel. Soupir, faut pas rêver, ma fille.
C'est un autre sms qui me bouleverse. Un sms tragique. La mort d'un petit garçon, là-bas, loin, au bord de l'Océan, qui anéantit toute une famille et mon amie, lui répondre, trouver les mots, comment faire.
J'ai pas encore allumé l'ordinateur. Ni ouvert le journal. Ni la boîte aux lettres. Ni cet Homme des îles sur lequel je voulais écrire un billet. Juste lu mon téléphone et déjà le tragique et la simultanéité des événements me saisissent.
Pas non plus attaqué ma tasse de thé. Au point où nous nous sommes, je vais plutôt me faire un café.
Qu'est-ce donc que cette étrange journée. Une journée particulière ? J'enfile mon tablier et je me mets à l'aspirateur et au balai en rêvassant à d'autres vies que la mienne, telle Sofia Loren autrefois.