mercredi 19 octobre 2016

Encore une lectrice

Un tableau beau et apaisant, la lectrice s'endort sur son livre. 

Oeuvre d'Emma Irlam Briggs (1867-1950) intitulée "A book at bedtime". 

dimanche 9 octobre 2016

Au-delà des murs (un peu de pub)


Le site est très moche et accessible seulement sur inscription, l'url illisible, mais j'aime bien le principe de cette entreprise, qui consiste à inventer ou produire des choses qui protègent les livres ou permettent de les consulter plus confortablement : petits coussins marque-pages, lutrins, doux supports de lecture... Ils peuvent être fabriqués dans le tissu de son choix et sur-mesure. 
C'est facile de s'inscrire et c'est ici :  http://www.audeladesmurscreations.com/?code_lg=lg_fr&num=12&type=39

dimanche 2 octobre 2016

Ce qui reste de nos vies, Zeruya Shalev

Un livre bouleversant. Rare. Cela raconte l'histoire d'une mère mourante, Hemda, et de ses deux enfants, la fille Dina, qui n'a pas été aimée de sa mère ; et le fils, Avner, qui a été adoré de sa mère. Cela se passe à Jerusalem et pourtant c'est universel. Ca parle des choix de vie qu'on fait sans trop savoir, et qu'on n'arrive pas à défaire après ; une fois qu'on est marié, parent, amoureux ou plus amoureux. Ca parle des relations qu'on a dans les familles, du mélange d'amour et de haine qu'il y a dedans. Ca parle aussi de la haine d'être soi. Des liens entre nous.

Hemda

Hemda, c'est la femme qui a subi, toute sa vie. Elle a subi l'éducation stricte du père, l'absence de la mère, le mari, elle a subi la vie au Kibboutz et quand elle a choisi de vivre en ville, elle n'a pas aimé. Pourtant elle garde comme une petite lueur, une lumière de vie.

Dina

Dina, c'est la femme révoltée, éprise d'absolu. Elle a souffert dans sa chair de n'être pas aimée de sa mère, a vomi ses tripes dans les crises de boulimie, continue à se sentir rejetée, à reprocher à Hemda d'avoir été une mère horrible. Et elle a choisi, choisi un homme qu'elle aimait plutôt qu'un homme gentil, une fille qu'elle adore, un désir enfant contre le monde entier. Elle s'est aussi fâchée contre l'injustice si répandue à l'université, a abandonné sa thèse et perdu sa meilleure amie. Elle vit dans la frustration professionnelle. Elle a 46 ans, doit apprendre à laisser partir sa fille.

Avner

J'ai surtout aimé Avner, Avni pour les intimes, pour les jolies filles stagiaires de son cabinet d'avocat. Avner aussi vit dans la frustration professionnelle, celle du défenseur des droits humains qui se heurte à un Etat tyrannique. A la maison, il se laisse martyriser par sa femme-ogresse, l'imposante Salomé. Jusqu'au jour où, rendant visite à sa mère à l'hôpital, il tombe sur un couple qui lui montre autre chose, le transforme, le fait sortir de lui-même.

Il est difficile d'isoler des passages de citations car tout se tient dans le roman. Les phrases sont longues, articulées, le style intimiste. On entend les voix intérieures des personnages, c'est un roman de voix et de voyages intérieurs.

Avner, alors :

"Elle chuchote, ne t'inquiète pas, tu seras bientôt soulagé, et Avner hoche la tête, reconnaissant, comme si cette promesse réconfortante lui était adressée, tu seras bientôt soulagé, ne t'inquiète pas, mais comment ne s'inquiéterait-il pas s'il n'entrevoit pas d'issue, voilà des années que les mêmes questions le taraudent, qu'est-ce que je fais avec cette femme, qu'est-ce que je fais avec ce travail, qu'est-ce que je fais avec ce pays ? Pendant longtemps il avait pensé être utile à quelque chose en accomplissant sa mission, mais depuis peu il a l'impression d'avoir perdu une certaine légitimité, celle-là même qui, sans jamais avoir été démontrée, offrait au moins une explication simple, du genre, à démarche erronée catastrophe annoncée et à démarche juste salut assuré, avec le temps, il sent que des forces souterraines triomphent de la logique qui guidait ses pas, il ne peut s'empêcher de penser que s'il avait eu sa chance il l'avait loupée, mais peut-être n'avait-il jamais eu sa chance.
Je suis piégé, aimerait-il raconter à la femme en chemisier de satin rouge,  j'ai été piégé très jeune et n'ai pas réussi à me libérer. J'avais à peine vingt-trois ans que j'épousais ma première petite amie, aujourd'hui encore je ne comprends pas comment je me suis laissé prendre. Pendant des années, je me suis réfugié dans le travail mais je n'ai plus d'énergie, j'ai perdu espoir, tandis que le voisin, lui, en a encore, de l'espoir, du moins d'après ce qu'il répond à sa femme d'une voix grave et agréable, oui je sais, et pour un instant sa certitude, leur certitude à tous les deux, semble pouvoir vaincre les avis des médecins, les pronostics et les statistiques, je sais qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter, je sais que bientôt je serai soulagé."

Zeruya Shalev, Ce qui reste de nos vies, Folio, 50-51

Yi King


Confrontée à quelques angoisses métaphysiques, j'ai essayé de me réfugier dans la pseudo-mystique. C'est aussi la conséquence du rangement de ma bibliothèque : j'ai redécouvert que j'hébergeais le Yi King, le Livre des mutations, dans ma maison. 


Je ne sais pas le lire, bien sûr, il faudrait faire des calculs compliqués  et des déchiffrages de caractères chinois dont je préfère me passer.

Alors je me concentre sur une question, j'ouvre, lis la réponse. Une fois, j'ai eu l'impression qu'elle était adaptée, juste ce qu'il me fallait lire à cet instant. Ensuite, je n'ai plus jamais retrouvé cette sensation, malgré la concentration.

Si quelqu'un.e passe par là et sait lire la beauté et la grandeur du Yi King, qu'il.elle me fasse signe...