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dimanche 13 juillet 2014

Rendez-vous

Ecole de la cause freudienne
Je crois que ma psy n'exerce plus. Alors, sa phrase "j'attends votre appel", ne tient plus. C'est un rendez-vous qui tenait dans l'instant, l'instant d'il y a 5 ans qui me revient maintenant, mais qui ne tient plus.

Ca doit être ça, vieillir : ceux qui vous avaient donné rendez-vous ont disparu. On est seul. Les fils invisibles ne nous raccrochent plus.

jeudi 15 novembre 2012

Faire la lecture

Un soir, j'étais allée écouter mon analyste présenter et commenter deux livres de Lacan, Des noms-du-père et Le triomphe de la religion. Elle en avait lu quelques extraits. C'est ainsi que mon analyste m'avait fait la lecture. Une expérience inédite. J'avais l'impression qu'elle ne parlait que pour moi, alors qu'il devait y avoir cinquante personnes dans la salle surchauffée de la librairie et que j'étais tout au fond. Elle avait évoqué le propos de Lacan mais aussi son métier et la question plus vaste du désir de l'analyste. Elle avait lu notamment tout ou partie de ce passage :
"J'écoute. De ces vies que, depuis près de quatre septénaires, j'écoute donc s'avouer devant moi, je ne suis rien pour peser le mérite. Et l'une des fins du silence qui constitue la règle de mon écoute est justement de taire l'amour." (Discours aux catholiques, p. 17).
Au long de cette intervention de mon analyste, je l'avais perçue sous un jour différent : drôle, spontanée, laissant ses mots circuler au lieu de les peser un par un comme en séance. Cela m'avait fait bizarre, d'entendre son rire et quelques anecdotes personnelles.
J'adore, qu'on me fasse la lecture, c'est une autre façon de lire, qui passe par la voix d'autrui, on n'est plus seul avec le texte. J'adore surtout qu'on me fasse la lecture au lit. Une de mes plus belles photos d'enfance, que j'ai égarée je ne sais comment (j'en suis très triste), est justement une photo où ma mère lit une histoire à ses enfants, allongée avec nous dans le lit conjugal. Un homme dans le passé m'a souvent lu des passages de livres, au lit. La plupart du temps, c'était des théories compliquées auxquelles je ne comprenais goutte, j'aimais juste écouter et me laisser bercer. Parfois, je m'endormais, comme petite fille j'aimais m'endormir au milieu des conversations des adultes, rester là, au coeur de la vie, ne pas en perdre une miette même si le sommeil était toujours le plus fort.

mardi 13 novembre 2012

Lectures sur le divan

divan
J'ai parfois parlé lecture à des psychanalystes. Une fois, j'ai emprunté un livre repéré dans la bibliothèque de mon analyste : Une saison chez Lacan, de Pierre Rey. Je ne me souviens guère du contenu, si ce n'est que l'auteur semblait garder de son passage sur le divan un souvenir très positif, ainsi qu'une admiration sans borne pour Lacan... tout en ne racontant pratiquement rien de la traversée analytique. Dans le genre récit de cure, Les mots pour le dire, de Marie Cardinal, est bien plus beau et expressif.
Ce dont je me souviens en revanche, c'est d'avoir réfléchi à ce que pouvait signifier l'emprunt d'un livre à son analyste. C'est une transgression. Avoir entre ses mains, chez soi, un objet lui appartenant, crée une intimité soudaine. On sort du cadre, ça brûle (j'avais d'ailleurs pris grand soin du livre et l'avais rendu peu de temps après). En même temps, il y a le désir de lire. Et sûrement aussi celui de poser la question : "pourrais-je vous l'emprunter ?". Car cela casse l'asymétrie entre l'analyste, sujet supposé savoir, et l'analysant plus ou moins à sa merci. J'étais donc très satisfaite de montrer que moi aussi je m'intéressais à la psychanalyse et que je savais lire, de me placer en somme (presque) à égalité avec les spécialistes.
Par la suite, je me suis rendue compte que cette tentative infantile signait l'existence même de l'asymétrie : toute lectrice que j'étais, je restais sur le divan l'enfant terrifiée qui m'avait emmenée là-bas. Un peu plus adulte, je n'aurais pas eu à prouver que j'étais une lectrice ; la question de la démonstration ne se pose plus quand on sait qui on est.
Depuis, dans le quotidien, je perçois mieux que les grands démonstrateurs, ceux qui veulent à tout prix vous montrer qu'ils sont ceci ou cela, sont surtout des petits enfants terrifiés... et énervants...