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mardi 21 mars 2017

Bourse aux livres


Tenir un stand dans une bourse aux livres, pour tenter de recycler le stock après avoir fait le vide, ça veut dire surtout rencontrer des gens.


Un échantillon de l'humanité, enfin un petit échantillon d'une certaine humanité, celle qui lit (encore), qui profite de son dimanche pluvieux pour faire autre chose que rester cloîtrée devant l'écran.


Dans mon échantillon de l'humanité du week-end de la bourse aux livres, il y avait :

la lectrice qui a reconnu ses goûts dans les miens. Elle a raconté sa découverte tardive de la lecture quand elle avait 17 ans (ajoutant : "je n'ai pas eu la chance de grandir dans une maison où il y avait des livres"). La passion dévorante des pages, encore maintenant. Le bénévolat à la bibliothèque du village, le bonheur de partager aujourd'hui. Comme une amie d'un instant.


la voisine de stand, super sympa évidemment, qui file des complexes avec ses livres en bien meilleur état que les miens et son look parfait. Et son sourire et son sens du contact. A la mi-journée elle avait presque tout liquidé. Bravo, la belle.


la maman éducatrice attentive, qui ne voulait que des livres de l'école des loisirs, sur recommandation de la maîtresse. Du coup, j'ai étalé comme de la confiture ma culture de la littérature jeunesse et préparé une sélection pour l'impressionner. Cela a bien servi. A cette dame, et ensuite au jeune papa stressé et pressé, cadre dynamique en loden, genre efficace. Passé rapidement, juste le temps d'attraper un lot et de lâcher, en une phrase, qu'il avait grandi avec ces albums-là. Alors, donc, ce grand gaillard sérieux à lunettes, c'était un ancien petit garçon qui aimait qu'on lui raconte des histoires... Fugacement, j'ai imaginé l'enfant, assis, concentré, un livre sur les genoux. Une seconde d'attendrissement, et l'oiseau en loden s'était envolé.

le père pas convaincu que 2 euros, ça valait deux bouquins. La petite faisait une drôle de tête toute déçue, si seulement le père s'était donné la peine de discuter le prix, mais non  il est parti en tirant sa gamine par la main...

les mamies : la mamie qui cherchait pour sa petite-fille des livres sur les chevaux, celle qui ne voulait que des Babar, la troisième qui s'intéressait aux Caroline mais manque de bol, le plus jeune possède déjà celui que je vends. Finalement, la seule qui m'ait acheté quelque chose, c'était l'amie d'une passionnée d'aquarelle (ouf, je possédais un ouvrage sur le sujet).


les enfants : je me souviens surtout de celle qui voulait absolument Je suis une princesse, le livre avec les paillettes, trouvé en fouillant au fond du bac... Elle a couru chercher ses parents.  Plaisir de lui mettre dans les mains, d'ajouter : "ça se voit que tu es une princesse, toi". Grands sourires de princesse.


le collectionneur de BD qui, pendant de longues minutes, a regardé un par un chaque album, en tournant les pages une à une. L'impression de passer un examen. Quand il a relevé la tête et m'a demandé de son air sévère : "alors, vous les faites combien ?", j'étais prête à lui donner, les bouquins.

 Le pire, ca a été le dernier client. Le facho de service. En 5 minutes, j'ai eu droit à la justification de la colonisation et de l'apartheid, la dénonciation de la pensée unique, la question de savoir si telle auteure était "israélite". Ben non elle est indienne de haute caste, patate, c'est écrit en quatrième de couv', mais qu'est-ce qu'on en a à foutre, franchement ? Je lui demande pour qui il vote, à cet abruti ? Ben non hein,  c'est pas la peine, je sais déjà... Les livres, ça ne vaccine pas de tout.