"C'est par la lecture que nous nous rapprochons le plus de cette pénétration de l'esprit d'un autre. La lecture est l'arène mentale où des styles de pensée différents, tels le dur et le tendre, et les idées qu'ils engendrent deviennent le plus apparents. Nous avons accès au narrateur interne d'un inconnu. Lire, après tout, est une façon de vivre à l'intérieur des mots d'autrui. Sa voix devient, le temps de la lecture, mon narrateur ou ma narratrice. Je conserve, bien entendu, ma faculté critique personnelle, et je m'interromps pour me dire : Oui, il a raison sur ce point ou : Non, il oublie complètement celui-là, ou encore : Ca, c'est un cliché, mais plus la voix sur la page est convaincante, plus je perds la mienne. Je suis séduite et m'abandonne aux mots de l'autre. En outre, je me sens souvent séduite par des points de vue différents. Plus la voix est étrangère, inhospitalière ou difficile, cependant, plus j'ai l'impression d'être partagée, d'occuper deux têtes à la fois."
Siri Hustvedt, La femme qui tremble, Babel, p. 192.
Un livre très ennuyeux par moments et tellement juste à d'autres. La voix informée et honnête de Siri Hustvedt. Je préfère sa voix de romancière à ses propos d'essayiste, néanmoins.