samedi 28 septembre 2013

Moving


secret drawer
Last week, I opened my secret drawer. The drawer where I have locked in most of what is related to you. Presents, postcards, non-sent letters that I have written over the years. Inside, there is the little puppet, the silk scarf and the Little Prince you gave me. There's also my heart, broken into 1000 pieces. My memories. My tears,  your smile; your tears and my smile. In the old days, you were saying each girl has a secret drawer, full of love letters.

I usually avoid to open my secret drawer and to look at your cards. I don't wear your presents, even though I always wear scarves. I don't read you either, even though I'm a compulsive reader. But this time it was different. I was moving office, had to tidy everything up. I saw the card you sent on our first anniversary: "together forever". I re-read your words of love. They reminded me of mines. It was both moving and ironic.

I remembered the first time we met, at this boring reception. I hadn't understood your name, people were so noisy around and you were speaking too fast. You were funny and shy, both serious and not taking anything seriously. A nice guy with a malicious glance. I thought I would never see you again after this strange evening. How could I have imagined you would be the man I would most love, hate and regret in my whole life...  the guy who would patiently get me back to life and who would kill me afterwards. I was desiring you to get me back to life, for sure ; and maybe to kill me afterwards, who knows.

I saw you again, the day after the reception. It was the beginning of a beautiful and sad story. A story of lips and cream. A story of Circe and objet a.  A story of two lost children carrying their love and their lack.

You still are so much in my heart.
 
I can feel in peace with you, finally.

10 years to get in peace with you.

But I still can't throw anything away . And I don't feel able to open the secret drawer again.

vendredi 27 septembre 2013

Si loin, si proche

Chaque jour ou presque, je fais une visite chez Mouchette and co. En ce moment, je ressens de grandes émotions de lecture. Les surprises quasi-quotidiennes. Les textes qui viennent du fond des tripes - ou qui en donnent l'impression -, qui mettent face à ce qu'on voudrait ignorer, à des secrets, à des hontes, à ce qu'on a vécu ou désiré. Les morceaux d'enfance. Le style simple, direct, précis. Ca me remue. Je ressens de la joie.  Comme un enfant qui ouvre un paquet-cadeau. Puis, de la reconnaissance que ceci existe. Ces histoires, je peux m'y retrouver et m'y consoler. Je n'aurais jamais pensé que ça se rencontrait sur le web. J'en reste toute  émue, comme au début, quand je suis arrivée là par hasard, un jour de mélancolie. J'avais tapé une phrase sur Google : "Curedan me manque". Curedan est un garçon que j'ai connu et qui me manque toujours par moments, encore maintenant, c'est ma malédiction intime. Avec cette phrase de malédiction, Google donnait au moins 50 pages de résultats... j'ai commencé à explorer tout ça... suis tombée sur des tas de choses sans aucun intérêt... jusqu'à ce que j'arrive dans cet igloo gris et froid qui parlait de cinéma. Une cinémathèque avec à sa tête un projectionniste bizarre qui parlait des films mais pas seulement. Un vieux cow-boy qui racontait des histoires. Ce fut une bénédiction. J'ai pensé : ça aide à vivre.

En même temps je ne manifeste pas cette joie, je n'ose pas. Il ne faut pas. Le trip midinette qui s'extasie, ça l'irrite tellement,  M.Mouchette. Il fait la gueule, parfois, si je lui écris des choses gentilles. Question de pudeur. Et de finesse, de subtilité, d'humour quand chez moi tout est au premier degré, gros sabots comme disait mon prof de philo. Toujours à foncer tête baissée, à disséquer, à vouloir comprendre, à me donner une importance que je n'ai pas. M.Mouchette au contraire, le plus souvent, il rigole, il voulait juste s'amuser, fictionner tranquillement, pas devenir terrain scientifique pour universitaire. Il attend que je me lasse, pensé-je. La paix, enfin.

On ne se comprend pas toujours.  On se heurte. Je le crains. Autrefois, il m'avait envoyé bouler, assez violemment. Ca laisse des traces. Tout est marqué par cette genèse, même si au fil du temps on se connait mieux et qu'une petite engueulade virtuelle n'a jamais tué personne. Mais n'empêche, je garde un fonds de méfiance, je sais que je ne suis que tolérée sur cette île.  Qu'il peut publier en public des trucs privés, se foutre de ma gueule devant les foules silencieuses de son blog. Ou tout simplement m'ignorer. Il tient à garder ses distances. Je ne m'approche pas trop non plus. Peur qu'un souffle malheureux trouble le processus d'écriture, comme le battement d'aile du papillon. Car alors moi je serais triste de ne plus le lire. Il ne faut pas. Je me tais, tapie dans l'ombre.  Je m'écraserais, au besoin, comme souvent dans la vie.  Je regarde de loin. Parfois, de plus près, les photos. Cette semaine, j'ai cherché longtemps le livre caché dans le champ, sur mon écran. Mais le plus souvent, de loin.
Wenders

 

Si loin, si proche est le titre d'un film de Wenders.  Ange gardien de M.Mouchette, ça m'irait comme destin. Mais il va encore me dire qu'il n'a besoin de rien. Comme d'habitude. Donc je me tais.

jeudi 12 septembre 2013

Nouvelle formule

Elle à table
Un magazine de cuisine que je fréquente lance une nouvelle formule. Je suis toujours méfiante, face aux nouvelles formules, je n'aime pas qu'on bouscule mon environnement familier. Quand Le Monde a lancé la sienne, j'ai un peu grincé, c'est quoi cette multiplication de suppléments, Le Monde Magazine beurk. Il y a quelques années, j'avais au contraire écrit au service lecteurs pour me plaindre de la disparition d'un supplément qui me paraissait essentiel. Jamais contente, la lectrice.
Côté blogs, j'ai bien aimé la mutation de "A certain romance" en "Wasted hours", mais c'était plutôt la fondation d'autre chose qu'une nouvelle formule. Quand M.Mouchette s'y est mis, avec des caractères plus petits, des colonnes resserrées, des couleurs plus froides, j'ai beaucoup soupiré, au début, j'avais l'impression de me retrouver dans un igloo, à la limite de l'étouffement glacial. Qu'est-ce qu'ils ont tous, avec leurs nouvelles formules, je me demandais... je suis pas une aventurière, moi, préfère tellement le connu ; même une répétition de moche, de prévisible, plutôt que du neuf auquel j'ai du mal à m'habituer. Quel besoin d'une nouvelle formule, puisque l'ancienne me convenait ? Enfin, pas complètement, j'envisageais de me désabonner de Elle à table, mais pas à cause de la formule, à cause de l'inadéquation des recettes à mon style de vie : trop d'ingrédients précieux, de complexité, un certain agacement devant le thé matcha et les fèves tonka, je cherche du simple, tomates, pommes de terre, poisson blanc.
Mais là, surprise vraiment agréable, j'aime bien la nouvelle formule.  Le cahier de recettes à la fin est pratique, distinct maintenant des fiches cuisine qui proposent des recettes supplémentaires. Un effort a été fait sur la simplicité des plats, l'aération du texte, les photos sont toujours aussi belles. Ca m'a donné envie de faire le gratin de courgettes aux noisettes et à la menthe. J'ai foncé chez le maraîcher pour des courgettes bien fraîches, cueilli la menthe entre deux averses. Y'a plus qu'à.