mercredi 27 février 2013

Campanule


campanuleCampanule, coquelicot, marguerite, myosotis, rose trémière, pensée, iris, hortensia, jonquille, oeillet, tulipe, arum du jardin de mon père, mimosa, bouton d'or, crocus, jacinthe, primevère, muguet, violette, edelweiss, pervenche, perce-neige, rose de Noël, clématite, glycine...

Lire des fleurs me transporte ailleurs, dans un village de montagne, en été.

Lire des fleurs me transforme. Campanule et moi ne faisons qu'une.

samedi 23 février 2013

Blogs de mode (et de modeuses)

dressing
Sur le web, tout le monde s'est mis à parler à tort et à travers de n'importe quoi. C'est comme un immense hall de gare, un bazar où les bonimenteurs (et teuses) vous hurlent silencieusement à la face ce qu'ils ont à vous dire. Par moments ça me fatigue, mais souvent ça m'amuse et ça m'épate. Les blogs de mode sont un de mes plaisirs de lecture. Un dressing géant et sans cesse renouvelé. On y trouve des pseudos poétiques (cliquez sur les noms pour les découvrir): Deedee de Paris, la bobo chic ; Big beauty, la sensible ; Zoé Macaron, de Lyon ;  la star Caroline Daily... Tant de filles qui se donnent beaucoup de mal pour se faire remarquer (je ne sais pas si les blogs mode de garçons existent). Quelle patience. Quel dévouement à la cause du look. Quelle écriture aussi. La blogueuse de A Certain Romance, maintenant grande manitoue du magnifique Wasted Hours est peut-être ma préférée, avec ses titres hilarants, ses narcissistic fashion reports et ses recettes so light.

Les images sont souvent belles ; généralement prises en extérieur, même en plein hiver, on se dit qu'elles sont courageuses, les filles, à déambuler comme ça en talons hauts et t-shirt par -10°, juste pour la joliesse de la prise de vue... Parfois je trouve cet exhibitionnisme indécent voire vulgaire, cette débauche d'argent et de luxe, mais le plus souvent je ressens de la sympathie (ressentirais-je la même sympathie pour une prostituée ?). C'est une occasion de chiper des idées de look, sourire, s'identifier. Car on a affaire à de vraies femmes, qui ont plus de 16 ans et ne pèsent pas 40kg toutes mouillées, qui portent autre chose que des marques hors de prix. Rien à voir avec un magazine de mode. Un faux réalisme réaliste et inspirant, en somme.  
 
Et puis, les conseils. Avant, comment aurait-je su que le manteau bi-matière était le must de l'hiver 2012-2013 (ce qui m'a évité d'en acheter un, non soldé mais déjà démodé, le mois dernier) ? Que les escarpins à paillettes, ça n'existait pas que dans mes rêves (c'est comme ça que j'ai dégotté la boutique Annabel Whinship à Saint-Germain-des-prés et que je porte au fin fond de ma province des chaussures de princesse très chères) ? Que le marine était le nouveau noir, que cet été, on porterait du pastel ? Bravo les filles. On s'en fout des discours féministes qui disent que c'est de l'aliénation aux codes de la séduction. Des détracteurs qui arguent que vous portez surtout des tenues de camouflage de votre community management au service des marques. Et on s'en fout d'être les esclaves consentantes du système capitaliste, c'est tellement bon de se faire jolie...

mercredi 20 février 2013

Classiques


Certains rêvent de posséder des volumes de La Pléiade. Pas moi. Plus maintenant, alors que ça me tentait, il y a 15 ou 20 ans. Je trouve à présent que ces objets ont l'air mort. On dirait qu'ils sont faits pour se dessécher sur une étagère. Le papier bible, tellement peu lisible, déprimant... Et puis des classiques, quel intérêt, alors qu'il en y en tant dont on se fiche... Balzac, Proust, même l'envie d'essayer m'a passé...  Zola certes reste un grand souvenir, j'ai tellement espéré pour Gervaise dans L'Assommoir; Stendhal, Maupassant aussi... presque autant que Stephan Zweig. Mais je ne les lis plus ; je suis désormais davantage émue par Albert Cohen (qui je crois est dans la Pléiade... Pauvre Solal, reclus dans la Pléiade...) ou Mario Vargas Llosa.

Peut-être qu'au fil du temps les classiques sont voués à disparaître. Même en classe de français au collège, ils sont remplacés, poussés dehors par d'autres classiques émergents. Au programme de sixième, il y a L'Odyssée... ensuite, ça passe directement à Vendredi ou la vie sauvage et autres littératures contemporaines, avec éventuellement un bref intermède Molière. Tout ça sans lire un livre en entier, des extraits, des manuels suffisent. Car tout fonctionne par bribes, ici-bas, il y a tant de contenu à assimiler et si peu de temps à y consacrer.

Récemment, quelqu'un m'a dit que le savoir livresque et encyclopédique ne perdurerait pas ; qu'on n'apprendrait bientôt à ne plus communiquer que par message de 140 caractères, et pas seulement sur Twitter. L'argument était que la façon dont se transmet la pensée n'est pas figée ; on est passé de l'écriture imagée sur papyrus à l'écriture alphabétique. Inventer une masse de connaissances ramassée dans un gros livre a pris des siècles. Pourquoi ne morcelerait-on pas à nouveau la pensée en petits fragments, facilement assimilables, pré-mâchés ? Ca correspond bien mieux à l'esprit de l'époque. C'est pas con, je me suis dit, dans ma tête... ma tête farcie de bribes de machins piochés çà et là... Pourtant, sur les liseuses, on peut maintenant télécharger des classiques tombés dans le domaine public. Les Misérables, La guerre des Gaules ou Les possédés, disponibles sur Amazon pour 0 euro. Bien sûr que des milliers de lecteurs s'emparent de ces fichiers, mais combien les lisent encore, d'un bout à l'autre et sans faiblir ?

jeudi 14 février 2013

Islande

"C'est à ce moment précis que m'effleure pour la première fois l'idée que je suis une femme au milieu d'un motif finement tissé d'émotions et de temps, que bien des choses qui se produisent simultanément ont de l'importance pour ma vie, que les événements n'interviennent pas les uns après les autres, mais sur plusieurs plans simultanés de pensées, de rêves et de sentiments, qu'il y a un instant au coeur de l'instant. Bien plus tard seulement, la mémoire fera son tri et discernera un fil dans le chaos de ce qui a eu lieu. (...) Comme il m'est impossible d'énoncer beaucoup de mots à la fois, les choses semblent se passer les unes après les autres, les événements se présentent par groupes de mots qui s'organisent en lignes horizontales dans mon récit (...) En réalité, le lien entre mots et événements est d'une toute autre nature."

Audur Ava Olafsdottir, L'embellie, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, Editions Zulma, p. 203-204.


Aller en Islande. Conduire dans la lande et s'arrêter au bord de la mer. Respirer les embruns et le vent. Admirer la beauté de la nature. Chaos debout, vivre l'embellie.