lundi 8 avril 2013

Rouge


alcoolMaintenant quand je bois un peu mon visage se couvre de rougeurs. On dirait une alcoolique.

Lectrice alcoolique je suis.
 
Alcoolique chronique.
 
Couperosée.
 
En état d'ivresse manifeste sur ce blog.
 
C'est bon l'ivresse. Je déborde de tendresse dans l'ivresse. Au lycée j'avais fait, un peu ivre, une déclaration d'amour à un garçon. Plus récemment, après quelques verres, j'ai embrassé un collègue sur la bouche (la honte, le lendemain, m'avait rendue encore plus rouge).
 
Là, j'ai failli envoyer un mail archi tendre, mais je me suis retenue. C'est quoi ces gamineries. Dignité, quoi.

lundi 1 avril 2013

Wonderwoman

WonderwomanWonderwoman, quelle femme. Son short à étoiles. Son diadème. Le lasso magique pour arrêter les méchants. Les qualités athlétiques, le courage. La plastique. Je l'adore.

 Je voulais être comme elle, moi. Faire des miracles. Etre belle et juste. Mettre en fuite les affreux, protéger les faibles. N'avoir peur de rien. Etre puissante.

Mais je n'ai plus 10 ans et je ne suis qu'une lectrice geignarde. Qui n'arrive même pas à se faire obéir d'un navigateur internet. Sans parler de ma progéniture. Ca m'énerve.

Est-ce qu'elle s'énerve, Wonderwoman ? Jamais. 




mercredi 27 mars 2013

Se lire soi-même

stade du miroirQu'est-ce que c'est narcissique, l'exercice du blogging. Appelle moi Narcisse, va, ça ira plus vite. Je me lis, me relis, fais le bilan de ce que j'ai déjà raconté et me demande ce qu'il reste à écrire sur cette lectrice. Des idées passent mais aucune ne s'arrête vraiment, elle n'est pas mûre, continue son chemin mental. Un brouillard d'idée. Il faut attendre, patienter, à un moment il se dissipera et elle se décidera à se formuler sur l'écran. En attendant, je ne me néglige pas. Je prends même grand soin de mon moi virtuel, vérifie les paragraphes, les justifications, les virgules, l'orthographe ; enrage contre la plate-forme de blogging qui ne prend pas en considération les instructions de mise en page (surtout quand un lecteur - devrais-je écrire LE lecteur - m'alerte. Merci, lecteur).

Rien dans le fatras que j'écris ne semble dépasser le stade du miroir. J'en suis restée à la recherche des contours d'un moi autonome. Comme un petit enfant. Un peu par là, puis de ce côté, mais prudemment, on ne sait jamais. Et si je était un autre qui me regardait, voulait me prendre, comme on disait aux enfants, autrefois, dans ma famille : ne parle pas à un inconnu, ne monte pas dans sa voiture, il pourrait te prendre. Alors, tout était dit sans avoir été dit, on savait que prendre, c'était effrayant, que ça faisait mal aux petits enfants. Je est un autre qui me menace. Il pourrait me prendre. En ce moment même, il me regarde écrire et juge : style lourd et répétitif, rien à dire, hypertrophie du moi, procrastination. Il faut faire fi de tout ça, de la lectrice, du juge, de son propre regard sur soi, pour se mettre à vraiment se dévider, dérouler la bobine sans fin du fil intérieur. Certains diraient que c'est thérapeutique, la mise en récit de soi-même. Qu'on se construit en se vidant. Peut-être. Est-ce qu'on ne se détruit pas, d'abord, à se confronter à ce qu'on est vraiment. Je ne sais pas pourquoi je continue. Je est un autre qui continue.

C'est une fuite, surtout. Ca aide à échapper à l'angoisse de la vie ou à la vie tout court. A court terme, au pensum qu'il faudrait terminer fissa.  Au-delà, au vertige de l'ère du vide.

mercredi 20 mars 2013

Murakami

Murakami, La ballade de l'impossible
J'ai souvent le désir de partager mes lectures de Murakami. Mais il m'est difficile d'exprimer clairement les sensations qu'elle procurent, un doux contentement, un dépaysement, une proximité.
Quand je lis Murakami, je me sens en harmonie avec l'univers en dépit de ses vices et ses horreurs, ou bien serait-ce du fait de ces vices et de ces horreurs. Tout s'unifie, le beau et le laid, l'ordinaire et le surréaliste, l'émotion et le détachement, le réel et le rêve. C'est un style simple, plat même. Retenu, pudique, clinique et à la fois une littérature poétique, onirique. Dans Danse, danse, danse, le lecteur est placé au coeur des pensées du héros. Il voyage avec lui, aussi bien dans les ténèbres d'un hôtel miteux où vivent d'étranges créatures, que dans sa Subaru d'occasion avec une ado un peu paumée, ou dans ses réflexions sur la société japonaise.  On a envie de continuer, que cela soit sans fin.
Il y a quelques années, un été, j'avais déjà flotté avec Murakami, dans La ballade de l'impossible. Je me souviens des élans compassionnels du personnage principal. De son désir de vivre, malgré le détachement apparent. De ses loyautés. Le désespoir d'une des héroïnes, luttant vaillamment pour vivre, un combat tellement dur qu'elle finissait par renoncer. La perte, le deuil. Cela se déroulait pourtant dans une grande tranquillité et une grande affection. Une longue promenade, sans rien de dégoulinant, on cheminait simplement à côté, prenant le temps qu'il faut pour vivre les événements.

Il n'y a guère que les Chroniques de l'oiseau à ressort auxquelles je n'ai pas accroché. Peut-être parce que je n'étais pas capable de les recevoir, à ce moment-là. Il faut être prêt à se laisser emmener, à s'abandonner.
 
Je voudrais que ma vie ressemble à un roman de Murakami. Que tout fasse unité. Etre en paix avec l'univers. Quand on a fait tout ce qui était possible et renoncé à l'impossible. Percevoir le chemin de traverse, inventer une calme promenade.