
Rien dans le fatras que j'écris ne semble dépasser le stade du miroir. J'en suis restée à la recherche des contours d'un moi autonome. Comme un petit enfant. Un peu par là, puis de ce côté, mais prudemment, on ne sait jamais. Et si je était un autre qui me regardait, voulait me prendre, comme on disait aux enfants, autrefois, dans ma famille : ne parle pas à un inconnu, ne monte pas dans sa voiture, il pourrait te prendre. Alors, tout était dit sans avoir été dit, on savait que prendre, c'était effrayant, que ça faisait mal aux petits enfants. Je est un autre qui me menace. Il pourrait me prendre. En ce moment même, il me regarde écrire et juge : style lourd et répétitif, rien à dire, hypertrophie du moi, procrastination. Il faut faire fi de tout ça, de la lectrice, du juge, de son propre regard sur soi, pour se mettre à vraiment se dévider, dérouler la bobine sans fin du fil intérieur. Certains diraient que c'est thérapeutique, la mise en récit de soi-même. Qu'on se construit en se vidant. Peut-être. Est-ce qu'on ne se détruit pas, d'abord, à se confronter à ce qu'on est vraiment. Je ne sais pas pourquoi je continue. Je est un autre qui continue.
C'est une fuite, surtout. Ca aide à échapper à l'angoisse de la vie ou à la vie tout court. A court terme, au pensum qu'il faudrait terminer fissa. Au-delà, au vertige de l'ère du vide.
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