mardi 28 mai 2013

Patchwork citationnel

Moby DickQuand je me sens des plis amers autour de la bouche, quand mon âme est un bruineux et dégoulinant novembre, quand je me surprends arrêté devant une boutique de pompes funèbres ou suivant chaque enterrement que je rencontre, et surtout lorsque mon cafard prend tellement le dessus que je dois me tenir à quatre pour ne pas, délibérément, descendre dans la rue pour y envoyer dinguer les chapeaux des gens, je comprends alors qu’il est grand temps de prendre le large.

Melville, Moby Dick

 
 
Le Petit PrinceSi je vous ai raconté ces détails sur l'astéroïde B 612 et si je vous ai confié son numéro, c'est à cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais: "Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il préfère ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?" Elles vous demandent: "Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ?" Alors seulement elles croient le connaître. Si vous dites aux grandes personnes: "J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit..." elles ne parviennent pas à s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: "J'ai vu une maison de cent mille francs." Alors elles s'écrient: "Comme c'est joli !"

Saint-Exupéry, Le Petit Prince

 
L'insoutenable légèreté de l'êtreSi chaque seconde de notre vie doit se répéter un nombre infini de fois, nous sommes cloués à l'éternité comme Jésus-Christ à la croix. Cette idée est atroce. Dans le monde de l'éternel retour, chaque geste porte le poids d'une insoutenable responsabilité. C'est ce qui faisait dire à Nietzsche que l'idée de l'éternel retour est le plus lourd fardeau.
Si l'éternel retour est le plus lourd fardeau, nos vies, sur cette toile de fond, peuvent apparaître dans toute leur splendide légèreté.
Mais la pesanteur est-elle vraiment atroce et belle la légèreté ?

Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être





Objet a. Selon J.Lacan, objet cause du désir.
ENCYCL. L'objet a [petit a] n'est pas un objet du monde. Non représentable comme tel, il ne peut être identifié que sous formes d'"éclats" partiels du corps, réductibles à quatre : l'objet de la succion (sein), l'objet de l'excrétion (fèces), la voix, le regard.

Roland Chemama (dir.), Dictionnaire de la psychanalyse

 Un style, c’est arriver à bégayer dans sa propre langue. C’est difficile parce qu’il faut qu’il y ait nécessité d’un tel bégaiement. Non pas être bègue dans sa parole, mais être bègue du langage lui-même. Etre comme un étranger dans sa propre langue. Faire une ligne de fuite. Les exemples les plus frappants pour moi: Kafka, Beckett, Gherasim Luca, Godard.

 
Gilles Deleuze, Claire Parnet, Dialogues

vendredi 24 mai 2013

Patchwork olfactif

Patrick Süskind, Le parfumLa rose juste éclose
Le parfum chic
L'humidité dans la maison
Des draps frais
Les odeurs de sauce dans la cuisine
La lavande dans les champs
La menthe juste cueillie, la ciboulette, la sauge ou le persil
Le lilas au printemps
La peau du cou de mes enfants
La crème hydratante
La terre
L'air marin
Les épices au marché
L'air lourd et la puanteur des villes
Un feu qui crépite
Le corps d'un homme aimé

Tant et tant à respirer.

mardi 21 mai 2013

Patchwork gustatif

Le lait chaud, fraîchement trait à la ferme
La tarte au fromage et le gâteau de semoule, sorti du four un peu brûlé, de ma grand-mère
Le sirop Toplexil
Un jus de citron pressé, bien acide
Le carré de chocolat noir
citronUn petit café serré
Le Pommard du soir de mes 32 ans
Le mélange huile d'olives-herbes fraîches
Une tomate avec le mélange huile d'olive-herbes fraîches
Du fromage de chèvre
Des noix, des amandes, des pistaches
Du vin rouge
La salade de pissenlits avec oeufs mollets et lardons
Le jaune de l'oeuf au plat quand il vient d'éclater sous la fourchette
Des fraises et de la crème fouettée
La jardinière de légumes du jardin
Le pain tout chaud qui sort de la boulangerie
La pizza de la pizzéria du quartier
Le chili de mon amie
Le lassi du restau indien
Mon fondant au chocolat
Mes larmes salées
Une glace en cornet artisanal, quand il fait très chaud

C'est bon la vie.

lundi 20 mai 2013

Patchwork vestimentaire

La veste de pyjama, doudou d'enfance
valise, vêtementsLe pull bleu réconfortant
La robe en soie, bleue également
Mes chaussures de princesse
Le jean troué à l'entre-jambe, plus mettable, quand est-ce que je le jette
Mon écharpe indienne en cachemire et lin du Rajasthan
Une culotte noire en dentelle qui en a vu d'autres
Mes lunettes
Un livre
Mon carnet, au cas où j'aie envie de noter quelque chose
Un pyjama gris et le rayé que je ne mettais qu'avec lui
Un polo noir, toujours utile, comme le pantalon noir, les chaussettes noires, la chemise blanche, toujours


C'est ma liste. La valise pour rester moi-même quand je suis ailleurs.