C'est la saison des tartes maison. L'idéal pour les pique-niques, à côté des cakes et des cubes de melon. On s'asseoit dans l'herbe, on débouche le rosé. Je sors ma tarte : chèvre-tomates, courgettes-anchois, un plat d'été. J'ai passé l'après-midi dans la cuisine à pétrir et cuire mais je me la joue humble, c'est le bouquin surtout qui va bien, les recettes simples et familiales de Delphine de Montalier. Il y a des astuces pour réussir les tartes salées et sucrées, faire la pâte soi-même plutôt que l'acheter au supermarché, précuire pour éviter de détremper, poser sous la garniture un coulis qui donne de l'épaisseur. Un livre à recommander.
Dans ma tête, je pense que je possède aussi la recette de la meilleure tarte que j'ai jamais mangée. Pas dans un livre, non ; écrite à la va-comme-je-te-pousse de la main de ma grand-mère. Elle n'écrivait pas ses recettes puisqu'elle les avait dans la tête. Sa tarte, c'était fromage de la ferme, crème entière, œufs de ses poules, une pointe de sel. Cuite au four à bois. J'espérais toujours en avoir une deuxième fois mais ce n'était pas souvent possible, les enfants passaient après les adultes en ce temps là. Alors, je me souviens de la frustration en même temps que du goût. En ravoir, juste une petite part ; c'est un peu l'histoire de ma vie, aussi.
J'ai essayé de la refaire, cette tarte, mais je n'ai jamais pu reproduire le petit goût de brûlé du dessus mêlé au salé du fromage frais et à la pâte brisée maison en-dessous. Proust a sa madeleine, ben moi c'est ma tarte au fromage. De la recette, je ne peux plus rien faire, à part la regarder avec nostalgie, je ne vais quand même pas écrire un roman.