dimanche 9 mars 2014

Un artiste du monde flottant

Un artiste du monde flottant
Un artiste du monde flottant est un roman particulièrement réussi. Un complément scriptural et contemporain du Tokaido de Hiroshige. Le versant conflictuel et un peu pourri de l'exquise subtilité japonaise. Cela parle de l'incompréhension des êtres, de ce qui conduit à rejeter un passé honni, autrefois perçu comme glorieux. Tout se déroule dans le calme et pourtant tout est d'une cruauté singulière.
Le livre se passe dans l'immédiat après-guerre. C'est l'histoire d'un peintre, un artiste. Il a eu une belle carrière, possède une maison magnifique héritée d'un de ces prédécesseurs qui reconnaissait son talent, est devenu à force d'obstination un maître en peinture, certains de ses anciens élèves sont célèbres. 
Au fur et à mesure du roman, on comprend pourtant que quelque chose cloche. Ses filles sont très respectueuses avec leur père, toujours polies, mais une pointe de colère leur échappe parfois. La plus jeune, surtout, l'accuse à demi-mot d'être un obstacle à son mariage. Le vieux monsieur semble balayer cela d'un revers de la main, il ne pense qu'à la peinture, au monde flottant, conscient d'avoir été quelqu'un malgré la modestie affichée. 
Le maître a eu son heure de gloire pendant l'ère expansionniste du Japon. Mais les temps ont changé. Le café où il allait, son quartier de plaisir, n'est plus fréquenté. Ses anciens élèves ne veulent plus entendre parler de lui. Il a peut-être commis des fautes très graves envers autrui. Son art même est banni. Il va devoir faire son auto-critique. C'est l'acmé du livre, p. 142.
"Certains diront que ce sont des gens comme moi qui portent la responsabilité des événements terribles qui ont frappé notre nation. En ce qui me concerne, je reconnais franchement que j'ai fait beaucoup d'erreurs. J'admets qu'une bonne part de ce que j'ai fait a fini par nuire à notre nation, que mon influence s'inscrivait dans un mouvement qui a abouti à des souffrances sans nom pour notre peuple. Je le reconnais, monsieur, voyez-vous, je reconnais tout cela sans réserve."

Ce qui rend le livre tellement attachant, c'est ce moment de tension et la façon dont on y arrive,  la violence de la remise en question par lequel le vieil homme doit passer, par contraste avec la délicatesse avec laquelle il dépeint sa propre situation (car il s'agit toujours de peinture, de peinture écrite). De même la politesse et la douceur apparentes avec lequel on le traite dans son grand âge.  A sa déclaration auto-critique, on répond avec bonhomie que non, il ne devrait pas parler ainsi, il est un grand peintre, trop dur avec lui-même. Mais lui sait. Il sait qu'il doit en passer par là, quoi qu'il lui en coûte et quoi qu'il ne l'exprime pas, pour que sa fille puisse se marier, pour retrouver la paix. Il finira par s'en féliciter. Ses filles même changeront d'attitude, le reconnaîtront à nouveau comme père.  L'harmonie et la concorde familiales reviendront, tout le monde fera même comme si cet épisode n'avait jamais existé.

Pour moi ce roman est comme une maladie à bas bruit ; lentement, on comprend et on accède à ce qui dysfonctionne. Puis, une fois l'abcès crevé, on peut doucement se retirer et en sortir.  Ou bien, ce serait un jardin zen perturbé par le vent de la guerre puis de l'occupation américaine et que, pierre après pierre, ratissage patient après ratissage patient, il faudrait remettre en place, sans pour autant qu'il puisse redevenir ce qu'il était antérieurement. Kazuo Ishiguro, bien que Britannique, rend admirablement compte de cette période japonaise de perturbations et de doutes. Le dernier film de Miyazaki, Le vent se lève, est dans la même veine. Tout en harmonie et désastreux en même temps.

dimanche 2 mars 2014

Le Tokaido de Hiroshige

Tokaido Hiroshige
L'œuvre de Hiroshige propose de relier Edo à Kyoto, au rythme lent de la marche des porteurs. On prend son temps, de station en station. A chacune, son estampe, un instantané poétique du voyage et du commerce au XIXème siècle.


Ce périple commencé il y a plusieurs mois n'est pas encore fini. Je musarde bien plus que les voyageurs de l'époque. Peut-être n'aurai-je jamais fini. Pourquoi finir ? Il en faut, du temps, pour se plonger dans ces scènes toutes en finesse, observer ponts, routes, rivières, voyageurs, serviteurs, embarcations, chariots divers... Les plis des soieries, les chapeaux des personnages, les lourds paquetages, les maisons en bois. Là bas, au loin, le sommet enneigé du Mont Fuji. Les arbres, les pierres. La lumière. Les amis à l'origine de ce cadeau avaient dit : pas plus de deux-trois stations par jour, et au calme ! Comme ils avaient raison. Regarder une estampe dans un musée ou une galerie, debout, entouré d'autres spectateurs, n'a pas du tout le même effet. On se fatigue avant d'entrer dedans. Il en faut, du temps, de la disponibilité mentale, pour être ici et maintenant.  Ici et maintenant, dans le monde flottant, c'est-à-dire tranquille à l'intérieur du  livre, Le Tokaido de Hiroshige.

Le monde flottant est, paraît-il, dans la culture japonaise, le monde du quotidien, ce qui se transforme, l'esprit du moment. Il s'oppose au monde immobile du sacré. Le monde flottant a nourri l'art de l'estampe japonaise. Hiroshige a dessiné avec grand soin le monde flottant qui a nourri l'estampe japonaise. Je lis les traductions des titres et des étiquettes calligraphiées qui servaient de repères ; m'absorbe dans les dessins de Hiroshige qui expriment avec grand soin la perfection des lignes du monde flottant, celui qui constitue et révèle l'estampe japonaise. Je fais le voyage.

Ma station préférée jusqu'à présent, c'est celle de ce paysage enneigé, au crépuscule, quand deux paysans rentrent chez eux à pas lents et qu'un passager du Tokaido se promène dans le village. La fin d'une longue journée de labeur et de trajet. La blancheur apaisante. Le froid de la neige et la chaleur des couleurs.

Comme un voyage immobile et rafraichissant.

dimanche 23 février 2014

Littérature érotique

Le boucherEros et Thanatos. On me parle enterrement, je pense littérature érotique. Comme une envie irrépressible de faire l'amour un jour de grande tristesse. Le dégoût mêlé de plaisir trouble que j'avais ressenti à lire Histoires d'O, adolescente. Cette fille réduite en esclavage, complètement passive, dépossédée d'elle-même. Cela me faisait mal de la voir cadenassée, tellement amoureuse de ce type. Pourtant je n'avais pas pu m'arrêter, j'avais lu jusqu'à la fin. Comme plus tard, je n'ai pas pu m'arrêter d'être l'objet d'un homme, j'ai continué jusqu'à la fin et même au-delà, amoureuse et possédée, peut-être tout autant cadenassée que la pauvre O.
Ensuite, méthodiquement, après avoir envisagé de le brûler, j'avais réduit le livre en menus morceaux et l'avait dispersé très soigneusement dans plusieurs poubelles pour que personne ne sache que je l'avais acheté et lu. Je ne voulais pas que ma petite sœur tombe là-dessus, je pensais que ce n'était pas de son âge. Encore moins les parents, ça ne baise pas les parents et ça n'a pas de fantasme érotico-sexuel, surtout pas de soumission et de domination, non mais ça va pas la tête.
Peu de temps après, un ami m'avait prêté, discrètement car cela circulait sous le manteau dans notre jeunesse, Les 11 000 verges, de Guillaume Apollinaire. Ca avait l'air de l'émoustiller beaucoup, mais moi ça ne m'avait rien fait (j'étais plus émoustillée par l'ami en question, mais c'est une autre histoire, d'un de ces emballements énamourés qui tourmentent beaucoup d'abord et font bien rire après). Il me semble qu'il était encore question  de réduire des filles en esclavage, quoique cela reste très vague et lointain. Apollinaire, je le préfère et le préfèrerai toujours dans Alcools, un autre de mes vices.
Le seul livre érotique dont je me souvienne vraiment, car Sade non plus ne m'a absolument pas marquée même si j'ai lu Justine ou les infortunes..., le seul livre érotique marquant pour moi donc est Le boucher, d'Alina Reyes. Il me semble que c'est ma sœur qui m'en a parlé, car en tant qu'aînée elle connaissait bien des choses, pas seulement sexuelles, littéraires aussi. Le boucher est justement un livre bien écrit et qui trouble les jeunes filles. Particulièrement mes soeurs et moi, c'est de famille. Il s'agit d'une relation très intense et très puissante entre une jeune étudiante et ce boucher chez qui elle travaille l'espace d'un été. La sensualité de la viande qu'il manipule quotidiennement dans son métier rejoint la sensualité du corps de la femme. C'est un rustre, direct, mais qui a un certain talent oratoire (oral ?), il lui dit :
"Je parie que dans ta petite culotte tu es déjà mouillée. Tu aimes que je te parle, hein ? Ca te plairait de jouir rien qu'avec des mots... Il faudrait que je continue tout le temps... Si je te touchais, tu vois, ce serait comme mes paroles... Partout, doucement, avec ma langue..."

Elle se meurt de désir sur des dizaines de pages et finit par céder.

"Il riait de me trouver là, nue en pleine nuit dans son lit; et je sentais monter ma peur devant l'acte à accomplir, le corps de l'homme à découvrir. Je voulais aimer, je voulais Daniel, et j'accrochai désespérément ma peau à sa peau, ma chaleur à sa chaleur, et il entra en moi par deux, et par deux fois me fit mal et éjacula."

Assez torride. Je me souviens encore de la sensation qui envahissait ma culotte à la lecture, un trouble délicieux largement inédit. Peut-être étais-je encore vierge, je ne sais plus. J'avais beaucoup aimé, lire et relire Le boucher. Puis, j'avais dû le rendre à ma sœur.

Depuis, le monde a changé. Alina Reyes loue Dieu sur son blog. Ma vie également a pris une autre direction, moins aventureuse que ce dont j'avais rêvé. L'univers entier est devenu un océan de virtualité, un torrent de récits de toutes sortes, plus besoin de livre pour être troublée. Je n'ai plus jamais acheté de livres érotiques ou pornographiques, même pas La vie sexuelle de Catherine M., encore moins Fifty shades of grey. Ce n'est pas faute d'en avoir entendu parler mais par manque d'envie. Il y a des nouvelles érotico-sexuelles de piètre qualité sur internet, je m'en contente.  Quand tout est accessible en deux clics, même si c'est moins bien, on ne fait plus l'effort. Et puis, il est vain de chercher à retrouver l'époque révolue et délicieuse des premiers émois littérico-sexuels.


Mes fantasmes aussi ont évolué avec le temps, les ruptures et les rencontres... pas la vocation d'une O, envie de prendre le pouvoir. La seule chose qui n'ait pas changé, c'est ma capacité infinie à fantasmer et à faire des cachotteries, même ici...

vendredi 14 février 2014

Un vieillard qui s'éteint, c'est une bibliothèque qui brûle

Alsace-Lorraine

Il paraît qu'un proverbe africain énonce qu'un vieillard qui s'éteint, c'est une bibliothèque qui brûle. Ce serait étonnant qu'il s'agît d'un proverbe africain où les cultures traditionnelles relèvent plutôt de l'oralité ; l'indétermination de l'origine plaide plutôt pour une invention européenne (coloniale ?). Mais là n'est pas l'essentiel.

Mon voisin de 88 ans se meurt. Une bibliothèque brûle. Plusieurs fois, il m'a raconté ses souvenirs de famille et de guerre mais il n'a jamais voulu que je l'enregistre, que je l'écrive. Encore il y a une quinzaine, juste avant qu'on ne l'hospitalise, je tentais ma chance : "allez, je vais chercher mon magnétophone". Et lui : "non, on se mettra sur la terrasse, cet été, je répondrai à toutes vos questions, mais m'enregistrer, pour quoi faire ? Ou alors il faudra payer cher, hein !" Il rigolait, moi aussi. Je n'allais pas dire : c'est pour réécouter toutes vos histoires quand vous serez mort, nous en souvenir, c'est pour la mémoire, pour votre voix, votre accent, pour ne pas oublier. Manque de courage, pas envie de briser la complicité d'un moment de chaleur dans sa cuisine, je me suis tue. Et c'est ici que je dépose les dernières traces.

Paul est né en 1925, en Moselle. A 17 ans, il travaillait déjà à la Poste. On était en 1942. Deux ans plus tôt, les Allemands étaient revenus. On les connaissait bien, dans la région, les Allemands. La grand-mère de Paul était née française en 1860. En 1870, après la défaite de Sedan et l'annexion, elle avait dû devenir allemande ; heureusement qu'elle parlait le patois mosellan, qui lui permettait de se faire comprendre et d'être comprise des administrations. Tout avait été germanisé, l'école, les boutiques, les services publics. En 1918, une génération plus tard, ses petits-enfants avaient pu grandir Français, parler français, ils aimaient la France, des patriotes. 

Et puis, 1939 était arrivé. Une catastrophe pour l'Alsace-Moselle, qu'on appelait alors Alsace-Lorraine. Pensez donc,  expliquait Paul, se planquer derrière la ligne Maginot, opter pour l'infanterie alors que les Allemands avaient depuis plusieurs années une technique en laquelle les Français ne croyaient pas : les chars groupés. Ils en avaient acquis des centaines pour tout écraser sur leur passage. Résultat, en 1940, nouvelle annexion, germanisation accélérée et totale. Les noms des rues changés, tout Metz qui se prononce MeTTz, à l'allemande (voilà pourquoi les locaux le prononcent "MeSS" maintenant). Les maîtresses d'école françaises remplacées du jour au lendemain par des équivalents d'Outre-Rhin. Les Français d'hier obligés aujourd'hui de saluer à l'entrée des services publics par un "Heil, Hitler". Paul avait compris très vite que son chef était un collabo, il disait toujours : "vous savez, la police, les gendarmes, c'étaient des Français. A Oradour-sur-Glane, c'était des Français aussi !"
En 1942, Paul avait 17 ans. Il menait sa vie d'employé des postes. Il parlait allemand suffisamment, grâce au patois mosellan. Un jour, un courrier était arrivé à la maison. C'est son père, qui lui avait annoncé, assis à la table de la cuisine, au retour de Paul du travail. Il pleurait. Paul aussi pleurait quand il racontait cette histoire. Il devait partir, pris par les Allemands, incorporé de force dans la Wehrmacht. C'était ça ou la famille serait arrêtée, emmenée loin, allez savoir. Alors, Paul était parti, du haut de ses 17 ans. S'en était suivi tout un périple à travers l'Europe, des combats en Grèce et en Yougoslavie, aux côtés des Oustachis, contre les partisans de Tito. Il disait qu'il avait eu de la chance, de n'être pas envoyé sur le front russe, tant de camarades n'étaient pas revenus de Stalingrad. Car on envoyait les Lorrains à Stalingrad, on se méfiait des Lorrains dans la Werhmacht, traîtres au Reich, voilà comment ils étaient perçus. Paul qui comprenait l'allemand l'avait souvent entendu.
Paul par miracle avait survécu. Il disait qu'il avait été obligé de tuer, apprendre à tirer au fusil, c'était lui ou moi, vous savez. Il savait comme en tant de guerre, les hommes deviennent des bêtes, des barbares. Il disait qu'ils n'apprennent rien du passé, les hommes, qu'ils sont capables de tout. Tant de fois, il avait dû marcher à pied, passer d'un front à l'autre, voir des camarades mourir. A la fin, au moment de l'armistice, après un passage au Danemark, il était aux Pays-Bas quand l'armée canadienne l'avait arrêté.  Avec d'autres, ce qui restait de la Wehrmacht, de la SS. Un coup de chance, si ça avait été des Français, ils l'auraient peut-être tué. Il avait mis plusieurs mois avant de pouvoir revenir chez lui, en Moselle.
Il était maigre, sale, une barbe longue. On était en 1945. De retour chez lui, son chien lui avait léché les mains, ça avait été le seul à le reconnaître tellement il avait changé. Le vieux père le croyait mort. Il avait pleuré quand enfin il avait compris qui il avait devant lui. Et Paul, à 88 ans, pleurait encore en racontant cette histoire.

Ensuite, dans l'après-guerre, pendant des années, les humiliations d'être un traître à la France, combattant sous l'uniforme allemand. Devoir demander à être réintégré dans la nation française, prouver ses origines, même la grand-mère qui en était à sa cinquième nationalité depuis 1860. Devoir supporter  ce qu'on disait des "Boches", des "casques à pointe" car c'est comme ça que souvent on appelait les Mosellans, surtout les Français de l'Intérieur qui attendaient bien tranquillement à l'arrière que ça se passe. Ca avait été dur, mais Paul était vivant, chez lui. Dans les années 80 seulement, on avait commencé à évoquer et reconnaître la souffrance des "malgré-nous".

 Il a vécu une vie tranquille. Il est retourné à la Poste, devenu facteur. La paix, enfin. Il a su passer outre l'amertume, il était profondément bon et profondément optimiste. Pacifique, toujours. Toute la rue le connaissait, c'était convivial entre voisins, surtout tant qu'elle est restée une impasse dans laquelle on pouvait installer tables et chaises. Bien sûr qu'il râlait contre la jeunesse et disait qu'il y avait des coups de trique qui se perdent, surtout ces dernières années.  Il racontait pour nous faire peur les maisons de correction de son enfance, là où on envoyait ceux qui ne marchaient pas droit. Il était partisan de méthodes musclées en matière éducative... Mais je ne l'ai jamais vu agressif ou méchant. Toujours le sourire. Toujours un Saint-Nicolas en chocolat pour les enfants le 6 décembre, toujours à rigoler quand il nous rapportait un ballon malencontreusement jeté dans sa cour, il faut bien qu'ils s'amusent ces gamins, comme il disait. Quant il était petit, il avait eu un ballon en tissu avec lequel il avait beaucoup joué, ceci explique peut-être cela. Et une orange à Noël, ça suffisait.


Merci, Paul, pour ces années de voisinage et de jardinage, d'amitié. Merci pour la leçon de vie.  


Maintenant on est 5 jours après, le 19 février et le téléphone a sonné. Paul est mort. Le cœur même très grand et très résistant a fini par lâcher sous la morphine. Au revoir, Paul, je vous embrasse bien fort.
Maintenant on est 11 jours après, le 25 février. Paul est enterré. Il a voulu sur son cercueil le drapeau européen, à côté du français, de la bannière "honneur et patrie". Il voulait la paix, Paul, c'était son message de départ. A l'église, on nous a lu une partie de sa lettre d'adieux qui disait : "j'ai rangé mes espoirs dans un tiroir et j'ai perdu la clé". Et plus loin, "au revoir, dans un monde d'amour et de paix".