jeudi 11 juillet 2013

La femme qui valait trois milliards

L'homme qui valait trois milliards
Je lis de plus en plus sur écran, ordinateur ou téléphone. Je lis des mails, des tweets, des alertes Facebook, des fichiers attachés à des mails, des liens transmis sur Twitter ou Facebook, des sms, des numéros de téléphone ou des adresses, des blogs, etc.
A la longue, ça me déforme, physiquement (cérébralement aussi). Tout en moi se raidit. Je suis en train de devenir un montre. Déjà mon dos est une plaque métallique douloureuse. Mon cou est aussi rigide qu'un poteau électrique. Ma mâchoire ne se détend plus. Bientôt peut-être mes jambes s'endurciront et je me transformerai en femme qui valait trois milliards. Sauf que ça ne décuplera pas mes possibilités physiques, car je suis l'anti-Steve Austin. Non, ce sera un processus d'arthroïsation inéluctable. Peut-être, un jour, ne pourrais-je même plus taper sur le clavier tant mes mains et mes avant-bras pèseront des tonnes. Ni ouvrir les yeux pour lire, à force d'avoir les paupières lourdes. Je serai un monstre de métal immobile, incapable de bouger, incapable de vivre.
 
Aomamé fait de son mieux ainsi que les tasses de thé, mais ça ne suffit pas. J'ai peur de devenir un montre digital. Je le suis déjà.

mardi 2 juillet 2013

Maternité


Attendre bébé, René Frydman
Aujourd'hui, j'ai croisé la route d'un nouveau-né. Créature minuscule, vêtue de blanc, au prénom féminin poétique, qui dans son sommeil faisait le sourire de l'ange. Un instant paisible et doux.

Ca m'a rappelé une autre époque. Une époque où je croyais qu'être mère, ça s'apprenait dans les livres. Qu'il y avait des recettes. Que les bébés paisibles ont des mamans parfaites.
J'ai lu, alors, car dans la lecture je suis à mon affaire,  essayant de comprendre les recettes pour devenir une maman parfaite. Mon livre de chevet était Attendre bébé, de René Frydman et Christine Schilte. Je l'ai lu très attentivement.

Ca ne m'a pas empêchée de foirer l'accouchement, l'allaitement, les nuits, de hurler de rage et de fatigue. Il en a fallu, du temps, pour accepter de seulement faire de mon mieux, comme ma mère, la mère de ma mère, et sa mère avant elle. Ce n'est pas fini, mais j'en souris. Mes enfants aussi.

samedi 29 juin 2013

Relire

correspondance
Relire chaque mot jusqu'à plus soif
Jusqu'à plus lecture
Les yeux fatigués
S'ancrer dans l'écrit
Se l'avaler soigneusement mot après mot
Comme si la vie en dépendait
Une vie amusante, différente,
Se rendre compte
Qu'il y a un malentendu
Ce n'était important qu'ici, là-bas on ne sait pas
Illusion d'échange, des changes

mercredi 26 juin 2013

Maintenant ou jamais

Christophe Fauré, Maintenant ou jamais
Maintenant ou jamais. Comme quadra, je suis soi-disant concernée par le sujet, d'ailleurs mes copines s'inquiètent de cette fameuse transition du milieu de la vie, la ménopause à venir, le mec qui les quitterait pour une jeunesse, les gosses bientôt partis vers d'autres horizons, le boulot où il faut défendre sa place. Le blues des classes moyennes plongées dans le néo-libéralisme, quoi. Les bons côtés : salaires confortables, vacances à l'étranger et image de la famille Ricoré, elles les oublient, le temps de la conversation. Elles préfèrent se la jouer  questions existentielles. Moi aussi. On se fait un peu peur, toutes ensemble, comme des gamines dans la cour d'école, les meneuses, les suiveuses et les autres. Je souris gentiment. Me demande pourquoi c'est la psychologie qui a triomphé, plutôt que la sociologie ? Pierre Bourdieu, au secours. 

Mon compagnon rigole, il dit : ma chérie, c'est parce que tu es trop jeune pour la crise du milieu de vie...  C'est vrai, que je m'en fous complètement... Ca n'existe pas, chez moi, ou plutôt c'est permanent. Ma vie est un déséquilibre chronique, un torrent de doutes, un voyage dans l'inconnu où alternent les mauvais passages d'angoisse et de nostalgie, et les période de gaieté, de soleil, de chaleur. Ca a toujours été comme ça. Des sommets de maintenant et des chutes de jamais bien douloureuses. Besoin d'intensité. Bipolarité ? Je rêve sans arrêt, m'invente des projets, des jardins secrets. Je me casse la gueule dans le jamais et repars dans le maintenant, à tout instant. Une transition perpétuelle, à moi toute seule.

Que ferais-je dans le moule de la crise du milieu de la vie, il est bien trop petit.