lundi 20 mai 2013

Patchwork vestimentaire

La veste de pyjama, doudou d'enfance
valise, vêtementsLe pull bleu réconfortant
La robe en soie, bleue également
Mes chaussures de princesse
Le jean troué à l'entre-jambe, plus mettable, quand est-ce que je le jette
Mon écharpe indienne en cachemire et lin du Rajasthan
Une culotte noire en dentelle qui en a vu d'autres
Mes lunettes
Un livre
Mon carnet, au cas où j'aie envie de noter quelque chose
Un pyjama gris et le rayé que je ne mettais qu'avec lui
Un polo noir, toujours utile, comme le pantalon noir, les chaussettes noires, la chemise blanche, toujours


C'est ma liste. La valise pour rester moi-même quand je suis ailleurs.

dimanche 19 mai 2013

Patchwork anthologique

La poésie française pour les nulsA la fin tu es las de ce monde ancien

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Au dessus de l'île, on voit des oiseaux. Tout autour de l'île, il y a de l'eau.

C'est un trou de verdure où chante une rivière, accrochant follement aux herbes des haillons d'argent ; où le soleil, de la montagne fière, luit.

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai

Non les braves gens n'aiment pas que, l'on suive une autre route qu'eux

Souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage, prennent des albatros, vastes oiseaux des mers

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur

Ô temps suspends ton vol

Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain

Sous le pont Mirabeau coule la Seine, et nos amours

Un cygne avance sur l’eau,
Tout entouré de lui-même,
Comme un glissant tableau ;
Ainsi à certains instants
Un être que l’on aime
Est tout un espace mouvant.

Quand nous en serons au temps des cerises, Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.

Et l'orage éclata
En même temps que le morceau de chair
Qui me servait de coeur

Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? Que tout le temps qui passe, ne se rattrape guère, que tout le temps perdu, ne se rattrape plus

Ce n'est rien, tu sais bien que le temps passe, ce n'est rien

jeudi 9 mai 2013

Modes de Paris

Modes de ParisModes de Paris, pour les filles, dans les années 70, c'était le magazine que lisaient les mères et les amies des mères. En tout cas, la mienne et ses amies. Très genré, comme on dirait maintenant. Je m'étonne de ne pas trouver de thèse ou d'article scientifique sur le sujet (Actes de la Recherche en sciences sociales a publié une étude détaillées de Nous Deux, en 1985). Peut-être y'a-t-il des témoignages sur les blogs, mais je n'ai pas le courage de chercher.

Pour la petite fille des années 70, Modes de Paris, c'était le chic. Des femmes bien faites, élégantes tout en restant discrètes, qui présentaient des robes, des tailleurs, des chapeaux. Les patrons pour réaliser soi-même les vêtements à la mode parisienne. Les recettes qui épateraient les invités dimanche prochain (j'en possède encore). Le courrier des lectrices où je découvrais bien des soucis des femmes de ce temps-là, avec toujours les mêmes façons simples de les affronter : l'acceptation, l'évitement, le dévouement, surtout être agréable, les femmes doivent être gentilles. Le roman-photo, ma partie préférée. Les hommes y étaient beaux, subtils, amoureux ; les femmes n'avaient qu'à les rencontrer et leur jeter un regard ou deux, l'amour naissait, là, sur la photo, on voyait les coeurs battre et les regards s'embuer. Bien sûr il y aurait un ou deux obstacles, mais tout ceci se terminerait du mieux possible (mariage ? enfants ?). Un jour, mon prince viendra... Maman, tu as dû rêver de ça, toi aussi. Comme nous étions toutes naïves, alors. Comme c'était aliénant, comme c'était bien... Mes filles sont nées dans un autre monde. Un monde où les filles doivent être des tueuses, indépendantes, réalistes, carriéristes. De quoi pourraient-elles rêver, puisque le prince charmant ne viendra pas ? D'avoir leur indépendance économique, bien sûr, très important, des fois que le prince ne soit pas si charmant... Et puis, quoi ? S'émanciper des sentiments, de l'abnégation familiale, c'est ça, le bonheur ? Je me demande. Je me souviens de ma mère, de ma grand-mère, de mes tantes, de leur tendresse infinie et de leur capacité à sourire d'un rien et je me demande.

Tallinn, Staline

Les vaches de Staline
Extrait :
"La mère traite les gens de moutons et se demande comment ils peuvent passer leur temps à faire la queue sans s'insurger, rester debout, passer de l'avant d'une file à l'arrière d'une autre, à la queue leu leu comme si c'était inéluctable, dociles et sans poser de questions. Bande de limaces !

La mère ne supporte pas cela. C'est pourquoi elle a tout bonnement quitté le pays, ce pays de moutons, ce pays de gens transformés en moutons. C'est pourquoi elle passe devant tout le monde et se fait rabrouer, mais elle continue, jusqu'à ce qu'elle soit obligée de capituler et de faire la queue. Pendant ce temps, Anna regarde les gens, les dents en or et les jambes poilues des femmes russes sous les robes en chintz. Une fois, Anna a vu une femme aux jambes minces avec une jupe archicourte et des sandales dont les talons hauts étaient métalliques et dont le pas était aussi féminin que possible. Cette dame portait un chemisier à jabot blanc et un petit sac à l'épaule, mais elle avait les jambes poilues et les cuisses encore plus. Anna n'avait jamais vu une femme avec des cuisses et des genoux aussi poilus. Comme la toison d'une poitrine d'homme, mais qui tapisse une cuisse de femme."

        Sofi Oksanen, Les vaches de Staline, Paris, Poche, p. 95-96


Sofi Oksanen donne à voir les troubles du comportement alimentaire d'Anna comme le symptôme d'histoires non dites. Celle d'une famille déportée par Staline pendant la deuxième guerre mondiale. Celle d'une mère estonienne émigrée en Finlande dans les années 70, traître aux yeux des Estoniens comme à ceux des Finlandais, jouet des services secrets des deux pays et des corruptions de l'URSS, qui ne pouvait que se dissimuler et enseigner à son enfant la dissimulation. Celle d'une petite fille qui aime l'Estonie mais ne peut pas être estonienne en Finlande, les Estoniennes sont des putes ou des espionnes. Alors, l'enfant Anna montre un corps parfait et toutes les aptitudes de la gentille fille finlandaise, pour mieux dissimuler ses origines estoniennes qu'elle retrouve dans la chaleur et la honte des prises de nourriture.

Un livre qui remue histoire, politique, autofiction. Un livre qui remue.