jeudi 5 décembre 2013

Petit éloge de la vie de tous les jours

Franz Bartelt
Dans la série j'essaie de me réconcilier avec la vie, j'avais été attirée par le titre et le prix d'un court recueil de Franz Bartelt, Petit éloge de la vie de tous les jours. 2 euros. Venus m'ayant parlé de cet auteur, j'étais curieuse.
Deux euros, donc. Ca ne vaut pas plus. C'est un recueil de nouvelles sur la vie quotidienne dans les Ardennes, françaises et belges, où, comme le dit l'auteur, il ne se passe jamais rien. C'est supposé être drôle, ironique, auto-dérisionnel (j'invente le mot tellement il se force à être dans l'auto-dérision, l'auteur). Un exemple:

"Là, je viens de passer trois minutes avant de trouver la suite de ce que je disais. Cette suite, c'est ce que je viens d'écrire. Et la suite de cette suite, c'est ce que je viens d'écrire, la suite de la suite de la suite étant ce que j'écris maintenant, en attendant la suite, qui ne saurait tarder car en écrivant "qui ne saurait tarder" j'amorce une suite de la suite qui fait suite à toutes les suites précédemment mises bout à bout pour me conduire jusqu'ici où, de nouveau, se pose le problème sans début ni fin de la suite". p. 55-56
 
Aucun intérêt. Quand l'auteur parle de lui-même il est lourd, et quand il parle des autres sa misanthropie mal camouflée par un pseudo-humour transpire par toutes les lignes. Le style ? Ah le style, parlons-en du style, moi qui d'habitude m'en fous du style, qui ne crois qu'en la sincérité et l'arrachage littéraire des tripes. Aucun style, plat comme les Ardennes. Mais pas un plat qui se laisse oublier, qui est ce que je préfère, non, un style plat qui dit : "regardez, les gens, comme je suis un gros rigolo". Le fait que l'auteur s'auto-qualifie de blaireau, pour nous rendre un peu complices, entre blaireaux on se comprend, ne change rien à l'affaire, c'est toujours aussi plat et égocentrique.
Blaireau, il devrait le reconnaître humblement au lieu de nous infliger ses nouvelles mal fagotées. Le ton avec lequel il écrit "le Belge" ("le Belge est féru de guirlandes lumineuses. Il a aussi l'art d'arranger les boules dans le sapin", p. 10), le "Rémois" ou "la Rémoise" ("La Rémoise n'est plus ce qu'elle était", p. 79) est insupportable de connerie. C'est beauf, c'est tout. Un beauf content d'écrire, qui s'écoute écrire, qui se la joue je suis un blaireau parmi les blaireaux mais moi je sais écrire alors je vais vous expliquer la campagne à vous les gens de la ville. Et voilà, c'est publié en poche, chez Folio, pour deux euros, c'est dire s'il s'en vend des milliers.
 
Désespérant. Il y a mieux pour se remonter le moral.
 
Il faut dire que je n'ai aucun humour.

Et que j'aurais bien aimé aimer ce que Vénus aime.

Poubelle, alors ? Ca m'est tellement difficile, de jeter un livre, même archi-nul. Celui là je lui ai fait traverser l'Europe entière, et arrivée tout là-haut dans les pays du Nord, après m'être prodigieusement ennuyée avec ses nouvelles, je n'ai pas eu le cœur de le balancer. Il est revenu avec moi, le même long voyage, brinquebalé dans mon sac déjà archi-plein. Je ne sais pas me séparer. 

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