mardi 22 janvier 2013

Pondichéry

Un endroit qui fait rêver, Pondichéry. Je regarde le planisphère affiché dans ma cuisine. Il y a ce petit point de l'océan indien, ce lieu mythique, Pondichéry. Pondy, comme disent les familiers. Pondy-chéri. On imagine l'amoureuse: "rendez-vous à Pondy, chéri". Pondichéry, un petit point de rien du tout pour dire les vagues, l'ashram de Sri Aurobindo, les maisons coloniales, le nom toujours français de quelques rues du centre-ville... et un peu plus loin, Auroville la magnifique (ou serait-ce Auroville la maléfique...). Un petit point qui donne envie de marcher le long de la jetée, humer l'air épicé, dormir les fenêtres ouvertes par 40 degrés dehors, avec le bruit du ventilateur et les klaxons des scooters en fond sonore. De commander un thali dans un café pour finir par se dire qu'on aurait préféré une baguette beurrée, tout compte fait. Pondy, le goût du thali, voilà, ce que ça dit. 
Lire une carte est une activité puissamment évocatrice. Imaginer la réalité sensible que le point cartographique représente et réduit dans un même mouvement.  En regardant la mappemonde, je me transporte dans des lieux connus ou inconnus, en voyage. New-York autrefois m'a beaucoup fait rêver,  Sydney aussi, maintenant c'est peut-être davantage Jerusalem, Tokyo, Oran, les falaises irlandaises. Des images viennent à l'esprit juste en posant les yeux sur l'étendue bleue plastique de l'Atlantique ou les rivages coloriés en jaune de l'Algérie. Ca ne date pas d'hier... Dès le XVème - XVIème siècles, les cartes du monde, du Nouveau monde en particulier, étaient illustrées de multiples éléments visant à renforcer l'évocation. Vers 1520, des dessins de rhinocéros ou de populations indiennes y ont été intégrés, car les cartographes avaient eu connaissance des grandes découvertes africaine puis américaine à travers les récits de voyageurs.
 
La carte reflète aussi les perceptions et connaissances de l'époque. Le continent américain par exemple a d'abord été représenté trop étalé, les cartes modifiées au fur et à mesure que s'établissaient des relevés topographiques plus exacts et que la longitude était inventée. Sans carte, et maintenant sans GPS, tout serait différent. On se recroquevillerait sur du connu, comme les Grecs de l'Antiquité qui ne s'éloignaient guère des côtes de la Méditerranée... et y vivaient pourtant une odyssée. Parfois, dans un lieu nouveau, ça me prend des heures, ou plutôt de longues minutes, pour repérer où je suis. Je me perds facilement. Je n'ai pas le sens de l'orientation.  Alors, j'essaie maladroitement de faire correspondre le plan ou la carte au réel. Quand enfin, par miracle, ou avec l'aide d'un passant, j'y arrive, il y a comme un soulagement. Cela me fait tout drôle de penser que déjà mes enfants, et tous ceux qui viendront après nous, ne connaitront pas ce soulagement de la compréhension de la carte, ni l'angoisse qui précède, tout équipés qu'ils seront d'assistants électroniques à la navigation...

3 commentaires:

  1. Ou carrément ils auront des implants, des petites boussoles intégrées comme les pigeons, et, les yeux fermés, dans un état quasi somnambulique, se rendront là où ils doivent se rendre et pas ailleurs, jamais ailleurs...

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  2. Pensez-vous... Il y en aura toujours un ou une pour s'échapper, comme dans les romans de science fiction.

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  3. Oui, sans doute, mais avant, comme dans je ne me souviens plus quel film, si... TOTAL RECALL, il faudra s'extraire par le nez avec une pince l'implant GPS...

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