Pendant que j'y suis, une autre petite chronique sur un livre touchant dans sa naïveté, La tête en friche. C'est l'histoire d'une dame âgé et très cultivée, Margueritte, qui rencontre un jeune homme pas très fûté, Germain. C'est qu'ils partagent le même banc, au parc, et se livrent à la même activité de comptage de pigeons.
Elle lui apprend des choses, des mots, des expressions. Lui, il lui tient compagnie, il prend soin d'elle et de sa vue qui baisse. C'est une autre histoire d'amitié, moins sophistiquée que L'amie prodigieuse, mais mignonne, distrayante. Germain, enveloppé de mots et respecté, va devenir plus humain et plus heureux. Et elle, elle va exister pour quelqu'un.
Le narrateur, c'est Germain, il écrit comme il parle et parle comme il pense. Ca donne ça :
Elle lui apprend des choses, des mots, des expressions. Lui, il lui tient compagnie, il prend soin d'elle et de sa vue qui baisse. C'est une autre histoire d'amitié, moins sophistiquée que L'amie prodigieuse, mais mignonne, distrayante. Germain, enveloppé de mots et respecté, va devenir plus humain et plus heureux. Et elle, elle va exister pour quelqu'un.
Le narrateur, c'est Germain, il écrit comme il parle et parle comme il pense. Ca donne ça :
"Avec Margueritte aussi, j'ai fait gaffe au début. Je ne voulais pas lui montrer tout d'un coup qu'elle me faisait marrer, qu'elle m'apprenait des trucs. Pas me montrer trop familier, non plus, ce qui tombait très bien, parce qu'elle restait un peu sur sa réserve défensive, elle aussi. Gentille, vous voyez ? Mais polie.D'habitude, les gens comme ça, je m'en méfie. Ceux qui ressemblent à Jacques Devallée, ou bien à Berthaulon, le nouveau maire, qui parlent de façon tellement compliquée qu'ils te noient le poisson dans de la fioriture. Ces mecs, le jour où ils leur prend l'envie de se foutre de toi, c'est fait si poliment que tu les remercies.Moi, je n'ai pas été "bien élevé". On m'a dressé à coup de pierres, comme on fait aux clébards qui traînent dans la rue. (C'est façon de parler. Ma mère était barjot, mais pas à ce point là.) Enfin, disons que je n'ai pas eu une enfance facile.Du coup, je ne fais pas toujours dans la dentelle, les gens me trouvent un peu raide, je sais. Quand je veux m'exprimer, je sens bien que je choque, rien qu'à voir leur façon de tordre un peu la bouche, ou de plisser le nez à croire que ça pue".
Marie-Sabine Roger, La tête en friche, p. 122-123
J'ai énormément pensé à quelqu'un que je connais et qui aurait ressemblé à Margueritte en vieillissant, si elle avait eu cette chance...
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