Courir. Mettre les baskets, le chrono autour du cou, partir, même s'il fait froid ce matin. Allez, courage, ça va me faire du bien. La rue, le monsieur avec son chien, qu'est-ce qu'il a à s'approcher comme ça, pourvu qu'il ne me bouffe pas. Faire comme si je ne l'avais pas vu. Ca y est, je suis au parc, en même pas 2 minutes. Des gens bêchent leur jardin, me regardent passer, je leur souris. Je foule le chemin du parc, tranquillement, passe le virage, rejoins la sortie latérale. Entendre mon souffle, souffler. L'inspiration, c'est automatique. Souffler, expirer par contre, ça compte, surtout au début, quand on n'a pas le rythme. Pas envie d'avoir un point de côté, alors je surveille.
Sortir du parc, tourner à droite, croiser des promeneuses, ne pas se laisser déconcentrer, souffler. Devant l'école, personne, c'est dimanche. Des oiseaux dans le ciel. Je me demande quand les oiseaux migrateurs passeront à nouveau, c'était tellement beau de les voir, de les entendre aussi, à l'automne. Comme c'est calme, ce matin. Les jeux d'enfants aussi sont désertés, il fait froid, et si je m'inscrivais à un cours de yoga à la MJC ? Venus m'a dit que c'était bien, mais je me connais, je ne prendrai pas le temps. Y aller, pourquoi pas, mais quand, plus de trou dans mon planning, je ne vais pas encore me rajouter des trucs. Je pense soudain à toi, tu me manques. Je passe le passage pour piétons, attaque la montée. Ca fait mal aux jambes. C'est toujours là que c'est le plus difficile, un peu de fatigue, de lassitude. Les cuisses lourdes. Je pense à toi. Quand je suis lasse souvent je pense à toi. Quand je cours souvent je pense à toi. Après je pense au boulot, j'ai des trucs à finir, tenir le rythme. Puis je pense que j'ai envie de lentilles, en rentrant je cuisinerai des lentilles du Puy. Je vais peut-être m'arrêter, là, j'en peux plus, j'ai chaud, je suis en nage... et puis non, quoi, allez, t'es bien partie... Déjà 12 minutes, lis-je sur le chrono. Continuer. Monter l'escalier. Et voilà la descente, ouf. Souffler. Continuer à courir. Courir. Je suis bien là, enfin. Elle est mignonne, cette petite maison à droite. Tous ces petits vieux, dans le quartier, ils doivent tous se connaître.
Sortir du parc, tourner à droite, croiser des promeneuses, ne pas se laisser déconcentrer, souffler. Devant l'école, personne, c'est dimanche. Des oiseaux dans le ciel. Je me demande quand les oiseaux migrateurs passeront à nouveau, c'était tellement beau de les voir, de les entendre aussi, à l'automne. Comme c'est calme, ce matin. Les jeux d'enfants aussi sont désertés, il fait froid, et si je m'inscrivais à un cours de yoga à la MJC ? Venus m'a dit que c'était bien, mais je me connais, je ne prendrai pas le temps. Y aller, pourquoi pas, mais quand, plus de trou dans mon planning, je ne vais pas encore me rajouter des trucs. Je pense soudain à toi, tu me manques. Je passe le passage pour piétons, attaque la montée. Ca fait mal aux jambes. C'est toujours là que c'est le plus difficile, un peu de fatigue, de lassitude. Les cuisses lourdes. Je pense à toi. Quand je suis lasse souvent je pense à toi. Quand je cours souvent je pense à toi. Après je pense au boulot, j'ai des trucs à finir, tenir le rythme. Puis je pense que j'ai envie de lentilles, en rentrant je cuisinerai des lentilles du Puy. Je vais peut-être m'arrêter, là, j'en peux plus, j'ai chaud, je suis en nage... et puis non, quoi, allez, t'es bien partie... Déjà 12 minutes, lis-je sur le chrono. Continuer. Monter l'escalier. Et voilà la descente, ouf. Souffler. Continuer à courir. Courir. Je suis bien là, enfin. Elle est mignonne, cette petite maison à droite. Tous ces petits vieux, dans le quartier, ils doivent tous se connaître.
Traverser la route. Monter encore un peu, le sentir dans les jambes. Redescendre. Retrouver le bruit de la ville. A gauche, il y a un petit chemin. La semaine prochaine, je passerai par là. Ca fait combien de semaines que je me dis ça, déjà ? Il faut croire que j'aime bien mon itinéraire habituel. J'ai fait un drôle de rêve, cette nuit, je me demande pourquoi j'enchaîne ces rêves où on me rejette. La semaine dernière, je n'étais pas sélectionnée pour un projet ; cette fois, j'entendais des collègues évoquer ma vacuité. Sans compter toutes les fois où je me réveille parce que je n'ai rien à dire devant un auditoire qui attend quelque chose de moi. J'ai l'impression d'avoir le moral mais ça ne va peut-être pas si bien que ça, je ne sais ce que l'inconscient cherche à me dire. Encore un chien, décidément c'est ma journée. Courir. Entendre mon souffle, mon cœur qui bat dans mes oreilles. Lire le chrono. J'en suis à combien de pulsations, il faudrait peut-être songer à acheter un cardiotensiomètre. Je ralentis devant la boutique. Tiens, la fleuriste a sorti de jolies primevères. Et des crocus. Et des jacinthes. Bientôt le printemps. Je suis bien contente qu'elle continue à présenter des choses dehors malgré l'écriteau qui indique qu'en raison de vols, la marchandise ne pourra plus être exposée à l'extérieur. Poursuivre, passer encore trois rues, le rond-point, l'église, revenir doucement vers la maison. En arrivant, je mettrai les lentilles à cuire et je prendrai un bain chaud et je m'enduirai de crème.
Lire le chrono, une dernière fois avant de l'arrêter. Pousser la porte. S'étirer. Se voir toute rouge et dégoulinante dans le miroir de l'entrée, mais ça ne fait rien, c'était bien.