Parfois je lis quelques lignes qui ont l'air plein mais qui sont un grand vide. Courrier de l'au-delà, un fantôme reparaît. Le sol s'ouvre sous mes pieds, coeur qui palpite, peur au ventre, l'appel misérable aux amis, la galère quoi !
Le fantôme, depuis l'au-delà, se souvient vaguement d'un amour ancien, lui écrit quelques lignes pour avoir des nouvelles. Ou pour autre chose, on ne saura jamais. Les lignes voyagent dans le cyber-espace, anodines et pourtant tellement puissantes que quand elles arrivent à leur destinataire, elles la brisent, comme autrefois. Une tempête, dévastatrice, sur la plage encombrée de ses pensées. Elle revit l'histoire. Revoit la rencontre, l'amour fou, les questions, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? La séparation. La déception. Le chagrin.
Combien de temps le manque la prendra-t-il ainsi ? A force d'éléments déchaînés, de séances d'analyse et de discussions avec Minerva, elle a compris que le fantôme est une illusion (le manque lui, est vrai, mais n'a pas grand chose à voir avec le fantôme). Et que seule la dignité sauve de la tempête. Le silence, serrer les dents, attendre que ça passe. Ferme ta gueule, lectrice, arrête de te plaindre. Ce n'est qu'un malheureux fantôme qui passe, cela fait bien longtemps qu'il est mort, il ne ressuscitera pas. Le sol finit toujours par se refermer et l'engloutir.
Le calme, enfin. Souffler. Se dire : il ne m'a pas eue, encore pas cette fois. Il ne m'aura plus jamais. La vie va reprendre. Oublier l'au-delà. Etre dans le présent.