Maintenant ou jamais. Comme quadra, je suis soi-disant concernée par le sujet, d'ailleurs mes copines s'inquiètent de cette fameuse transition du milieu de la vie, la ménopause à venir, le mec qui les quitterait pour une jeunesse, les gosses bientôt partis vers d'autres horizons, le boulot où il faut défendre sa place. Le blues des classes moyennes plongées dans le néo-libéralisme, quoi. Les bons côtés : salaires confortables, vacances à l'étranger et image de la famille Ricoré, elles les oublient, le temps de la conversation. Elles préfèrent se la jouer questions existentielles. Moi aussi. On se fait un peu peur, toutes ensemble, comme des gamines dans la cour d'école, les meneuses, les suiveuses et les autres. Je souris gentiment. Me demande pourquoi c'est la psychologie qui a triomphé, plutôt que la sociologie ? Pierre Bourdieu, au secours.
Mon compagnon rigole, il dit : ma chérie, c'est parce que tu es trop jeune pour la crise du milieu de vie... C'est vrai, que je m'en fous complètement... Ca n'existe pas, chez moi, ou plutôt c'est permanent. Ma vie est un déséquilibre chronique, un torrent de doutes, un voyage dans l'inconnu où alternent les mauvais passages d'angoisse et de nostalgie, et les période de gaieté, de soleil, de chaleur. Ca a toujours été comme ça. Des sommets de maintenant et des chutes de jamais bien douloureuses. Besoin d'intensité. Bipolarité ? Je rêve sans arrêt, m'invente des projets, des jardins secrets. Je me casse la gueule dans le jamais et repars dans le maintenant, à tout instant. Une transition perpétuelle, à moi toute seule.
Que ferais-je dans le moule de la crise du milieu de la vie, il est bien trop petit.
Que ferais-je dans le moule de la crise du milieu de la vie, il est bien trop petit.