Au dîner des copines j'ai pu glisser deux phrases sur Confiteor et Le sermon sur la chute de Rome. Une fille a parlé d'Eldorado et ça m'a donné envie de le lire, mais on est très vite passées à autre chose, ça n'intéresse plus personne, lire c'est tellement old fashioned. A la limite, discuter liseuse, Kindle contre Kobo.
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Par contre traiter un type de vieux gaucho, raconter que sa femme l'a quittée pour une autre, si si c'est confirmé une autre femme, on me l'a dit à la sortie de l'école ; ou s'extasier sur une magnifique maison à 350 000 euros, pas chère parce qu'éloignée de la ville, là, c'est bien, les commentaires pleuvent. Après, se raconter qu'on risque de se faire agresser, il ne faut pas prendre de risques inutiles, les violeurs courent les rues c'est bien connu, elle ne fait plus son footing seule (moi, si, mais je n'ai pas osé le dire car quelques instants plus tôt, j'étais déjà passée pour une cinglée d'avoir mentionné ma fille rentrant seule en vélo l'autre soir, récolté un : "je ne le ferais pas"). Se plaindre des cambriolages. Se plaindre des jeunes qui fument et qui boivent, sauf bien sûr leurs enfants tellement parfaits. Faire en sorte qu'ils ne succombent pas aux jeux vidéos ou réseaux sociaux, limitons internet ce démon. Se plaindre de la qualité des soins, même en clinique rendez vous compte. Des gens qui ne sont plus solidaires, et que tout le monde est tellement individualiste bla bla bla. Disent-elles en pensant à leurs expatriations, à leurs vacances de luxe et à moins payer d'impôts.
J'écoute mes amies, j'entends la connerie et la peur qui suintent, je ne reconnais plus rien de cette ville. Je ne combats même plus.
Je me revois, écoutant des vieux quand j'étais jeune, ressentant la même impuissance devant la connerie. Me taisant et souriant. C'est comme ça que je me fais une réputation de fille très sympa. Keep calm. Je reprendrais bien un verre de vin.