Encore un titre mal traduit, par Délire d'amour, roman de Ian McEwan. Il ne s'agit pas de ça, enfin si, mais enduring, ça n'a rien de marrant ou de charmant, pas comme quand mes ados se tapent un délire (sic) entre copines. Enduring, endurer, c'est une somme de souffrances, l'histoire d'un amour qui fait endurer le pire au héros du roman... et aussi à son amoureux, qui endure son amour presque autant qu'il le répand. Un amour qui dure aussi, beaucoup trop longtemps, le héros ne sait plus du tout comment s'en dépêtrer. Le héros, c'est un type normal, vie normale, couple normal. Rien d'héroïque. Il est témoin d'un grave accident de montgolfière. A cette occasion tragique, il croise un autre type, un fou mystique, qui est convaincu que leur rencontre était écrite et que c'est Dieu lui-même qui veut qu'ils soient ensemble. Le fou harcèle le héros, s'immisce dans sa vie, la femme du héros le quitte (lâchement), persuadée que son mari est en train de sombrer dans de graves troubles neurologiques. Le héros en effet est désorienté, perd son boulot, s'enferme chez lui, on se sait plus lequel est le plus fou des deux. Il ne sera délivré que par la disparition de celui qui lui avait fait endurer tout ça...
C'est un roman qui laisse un sentiment de malaise tant il est grinçant. Le héros n'a aucune compassion pour celui qui le poursuit. Le fou érotomane quant à lui ne se rend compte de rien, omnubilé par son tas de projections mystico-affectives qu'il appelle amour. Il n'y a pas de rencontre et encore moins de pacification possible, on veut juste en finir, en refermant la dernière page on se dit ouf, la paix maintenant (pour ma part, j'ai même perdu ce livre, disparu de ma bibliothèque; peut-être alors que l'histoire n'est pas exactement celle-là, je ne peux pas vérifier).
Parfois pourtant, j'y repense, à ce livre. Surtout au titre. Je me demande si je fais endurer mes folies mystico-affectives aux autres. Il m'arrive de de trop m'approcher de quelqu'un, ayant franchi involontairement une frontière d'intimité. Je me sens terriblement coupable alors, plus vraiment digne d'entrer en relation. Et puis, d'autres fois, c'est l'inverse, je me demande si je réponds assez à la demande de l'autre, si je ne suis pas trop distante... L'enfer, c'est les autres, le rapport de soi aux autres. Mon enfer, en tout cas. Je ne sais pas faire abstraction.