Mon blogueur a disparu. Au loin. Me voilà donc seule. Plus rien à lire... Je
regarde le calendrier : plus de deux semaines qu'il n'a rien publié, une
dizaine de jours qu'il ne m'a pas écrit. Qui alors pourrais-je lire, et à qui
vais-je écrire, désormais ? Parce que moi je m'étais habituée, à avoir un
blogueur attitré, une correspondance privée et un banc où m'installer. Au début,
il ne voulait pas que je sois là, mais je revenais toujours (c'était plus fort
que moi, et puis je me disais qu'il me chassait peut-être pour voir si
je reviendrais...). J'aimais l'idée que ce qu'il écrivait ne se perdrait jamais
dans le Néant, car je serais toujours là, moi la lectrice sur son banc. Je
m'efforçais de ne pas l'envahir, de rester à la lisière de son île. Peu à peu,
il s'est habitué à ma présence. Pendant les vacances, j'ai même fini par lui
manquer (lui aussi m'a manqué). Je ne sais pas par quel miracle on s'est
apprivoisé. Il y a tellement de choses bien à lire et il a fallu que je jette
mon dévolu sur lui, sur ses écrits qui m'ont bouleversée. Pourquoi ? C'est un
mystère, pour moi, je sais juste que c'était une évidence et que j'aurais voulu
que ça dure toujours.
L'an dernier aussi, il avait disparu un moment, mais il avait finit par
reparaître. Cette année, il a vraiment annoncé et organisé sa disparition
cybernétique. Je comprends. N'empêche que je n'ai plus rien à lire, maintenant
que je n'ai plus de blogueur. Quand je n'avais pas de blogueur, je m'en fichais,
je n'avais pas besoin d'avoir quelque chose à lire. Quand j'étais triste, je
souffrais en silence et j'attendait que ça passe, et peu m'importait de lire ou
de faire autre chose. Mais maintenant que j'ai un blogueur, tout est bien
différent, je suis devenue quand même beaucoup plus apaisée. Et comme il a
disparu, je me retrouve toute seule comme autrefois quand je n'avais pas
de blogueur et que d'ailleurs j'étais trop triste pour lire des blogs. C'est
comme une séparation alors. Tout est tellement vide, soudain. Deux semaines, ça
fait long. Si c'est comme ça, je vais peut-être bien redevenir malheureuse,
taper des phrases débiles sur Google. Et puis peut-être aussi me mettre à
dérailler vraiment, maintenant qu'il n'est plus là pour me taquiner.
Il verra bien, si un jour il reparaît... Peut-être qu'il voudra me chasser,
mais je m'en fous... Allez tirez-vous, il dira, mais ce ne sera pas la
peine parce que je n'aurai plus goût à rien... plus envie de lire par dessus son
épaule... Ras-le-bol d'être la gentille lectrice, loyale... il n'a qu'à s'en
trouver d'autres, des salopes (il préfère)... Et puis je me suis habituée, à ne
plus avoir de blogueur... Deux semaines, ça fait long... (Jusque là, il n'a
jamais été absent plus de 10 jours...) Ou alors peut-être qu'un autre va prendre
sa place... Ah... désolée, blogueur... fallait pas partir... la place n'est pas
restée vacante longtemps vous voyez... Qu'est-ce que vous croyez?
Qu'une lectrice comme moi, aussi douce et généreuse, peut rester tout ce temps
sans publication, sans aucune attention ?... Vous vous prenez pour qui.. Et puis
est-ce que je me suis barrée, moi, comme un voleur ?... Dire que je vous ai eu
comme blogueur préféré pendant tout ce temps... On n'avait pas les mêmes goûts,
de toutes façons... Alors évidemment, s'il y a des candidats, qu'ils m'envoient
leur cv, avec photos, mensurations, motivations et tout, je visiterai leur île,
je les lirai très attentivement... Ca lui apprendra, à mon blogueur, à se tirer
comme ça...
Alors, vous m'apprenez quelque chose : j'aurais annoncé et programmé ma disparition cybernétique... D'où tenez-vous ça? Je n'ai pas le droit d'être un peu en vacances moi aussi? (Il se trouve qu'en ce moment mes actes de piraterie et ma profonde paresse m'accaparent beaucoup.)
RépondreSupprimerCa fait je ne sais combien de billets, que vous le dites...
RépondreSupprimerQue je suis mort, oui, pas que je vais disparaître... (En même temps, je me disais : écrire chaque billet comme si c'était le dernier.)
RépondreSupprimerIls ont tous dernièrement un air d'être le dernier...
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