Ce n'est pas de la littérature, c'est même assez mal écrit. On dirait un livre de journaliste, un documentariste sinon. Ne cherchons pas le style, donc, de toutes façons on s'en fout du style, personnellement je m'en suis toujours foutue, même quand mon professeur de lettres de première, le regretté M.Bigot, essayait de m'expliquer à quel point c'était passionnant de disséquer le style, de s'inventer un style, d'écrire avec style. J'ai toujours préféré mon prof de philo, l'année suivante, parce qu'il n'exigeait rien dans ce domaine. Il disait : écrivez comme vous voulez, il s'agit de penser. Tout de suite, on s'est compris. Ce soir, je me souviens de ses yeux bruns malicieux, qu'aurait-il pensé de ce monde dans lequel on vit.
Donc, ce n'est pas de la littérature, c'est une fable politique, passionnante. Parce qu'elle est ancrée dans les faits réels du néo-libéralisme et de la finance mondiale. On croise les banquiers de Goldman Sachs, les hedge funds, DSK, et surtout les ultra-riches. On comprend que la Grèce est une proie pour des capitalistes sans foi ni loi qui ne pensent qu'à faire fructifier leur bas de laine en spéculant sur l'effondrement du pays, et à couler des jours heureux sur des yachts. Que l'euro, c'est peut-être bien le joujou des Américains et des Chinois, qui aimeraient que les citoyens européens s'endettent, ça leur permettrait d'écouler leur came (des fringues aux cigarettes électroniques, ah ah ah) et de tirer leur croissance vers le haut, le temps que la population des pays émergents atteigne un niveau de vie comparable à celui de l'Occident. Un peu de paranoïa ? Oui, sans doute, en même temps une paranoïa tellement plausible... Le livre est visionnaire, sur certains points :
"Nos gouvernements ont bourré leurs citoyens de crédit et se sont eux-mêmes gavés de dettes pour faire durer un peu le cocktail sur le pont du Titanic. A présent il ne reste plus que vous et vos entreprises à saturer d'impôts pour pouvoir passer encore quelques années la tête dans le sable. Ce jeu dangereux touche aujourd'hui à ses limites et les prochaines échéances électorales dans nos nations vont brutalement sonner la fin des illusions" (p. 128).
Et surtout, il y a des observations magnifiques sur les riches. Ce sont des gens très malins, ils se sont organisés en un réseau social ultra-sécurisé, un genre de Facebook pour riches... On discute placements, recherche de personnel de maison, vacances, combines fiscales. On décide aussi à qui et à quoi on donnera sa fortune - sûrement pas aux services publics, on veut non seulement savoir où va l'argent (accumulé notamment en échappant à l'impôt) mais décider à quoi il sera employé. Puisqu'on est riche, on sait ce qui est bon pour la collectivité mieux que l'Etat. C'est comme ça que j'ai découvert Giving Pledge et cette remarque, excellente :
Les ultra-riches ont une super idée : acheter un pays qu'ils sauveront de la misère et où ils concentreront leur fortune en échanges de conditions fiscales privilégiées et d'une protection contre les hordes de pauvres qui cherchent à les dépouiller et qui commencent à se révolter, surtout en Europe.
Ca se lit comme un thriller, un enchevêtrement d'opérations financières, de coups tordus, d'utilisation d'Internet et de Wikileaks, sans oublier ce qu'il faut de suspens et d'assasinats. Au milieu de tout ça, les acteurs politiques sont de toutes petites choses, soit incompétentes, soit corrompues, au mieux absentes. Ca ne fait pas rêver, mais ça aide peut-être à comprendre...
"Même leur philantropie est louche. L'humanitaire, pour eux, c'est juste un nouveau paradis fiscal". (p. 194).
Les ultra-riches ont une super idée : acheter un pays qu'ils sauveront de la misère et où ils concentreront leur fortune en échanges de conditions fiscales privilégiées et d'une protection contre les hordes de pauvres qui cherchent à les dépouiller et qui commencent à se révolter, surtout en Europe.
"La richesse est une quête inlassable de ce qui ne s'achète pas... pour l'acheter.
Et il faut bien convenir que beaucoup de choses s'achètent en vérité : les entreprises, l'obéissance, l'influence, le luxe, le sexe, les îles, les politiciens, etc. Alors, oui, pourquoi pas un pays ?" (p. 253-254).
Ca se lit comme un thriller, un enchevêtrement d'opérations financières, de coups tordus, d'utilisation d'Internet et de Wikileaks, sans oublier ce qu'il faut de suspens et d'assasinats. Au milieu de tout ça, les acteurs politiques sont de toutes petites choses, soit incompétentes, soit corrompues, au mieux absentes. Ca ne fait pas rêver, mais ça aide peut-être à comprendre...
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