Eros et Thanatos. On me parle enterrement, je pense littérature érotique. Comme une envie irrépressible de faire l'amour un jour de grande tristesse. Le dégoût mêlé de plaisir trouble que j'avais ressenti à lire Histoires d'O, adolescente. Cette fille réduite en esclavage, complètement passive, dépossédée d'elle-même. Cela me faisait mal de la voir cadenassée, tellement amoureuse de ce type. Pourtant je n'avais pas pu m'arrêter, j'avais lu jusqu'à la fin. Comme plus tard, je n'ai pas pu m'arrêter d'être l'objet d'un homme, j'ai continué jusqu'à la fin et même au-delà, amoureuse et possédée, peut-être tout autant cadenassée que la pauvre O.
Ensuite, méthodiquement, après avoir envisagé de le brûler, j'avais réduit le livre en menus morceaux et l'avait dispersé très soigneusement dans plusieurs poubelles pour que personne ne sache que je l'avais acheté et lu. Je ne voulais pas que ma petite sœur tombe là-dessus, je pensais que ce n'était pas de son âge. Encore moins les parents, ça ne baise pas les parents et ça n'a pas de fantasme érotico-sexuel, surtout pas de soumission et de domination, non mais ça va pas la tête.
Peu de temps après, un ami m'avait prêté, discrètement car cela circulait sous le manteau dans notre jeunesse, Les 11 000 verges, de Guillaume Apollinaire. Ca avait l'air de l'émoustiller beaucoup, mais moi ça ne m'avait rien fait (j'étais plus émoustillée par l'ami en question, mais c'est une autre histoire, d'un de ces emballements énamourés qui tourmentent beaucoup d'abord et font bien rire après). Il me semble qu'il était encore question de réduire des filles en esclavage, quoique cela reste très vague et lointain. Apollinaire, je le préfère et le préfèrerai toujours dans Alcools, un autre de mes vices.
Le seul livre érotique dont je me souvienne vraiment, car Sade non plus ne m'a absolument pas marquée même si j'ai lu Justine ou les infortunes..., le seul livre érotique marquant pour moi donc est Le boucher, d'Alina Reyes. Il me semble que c'est ma sœur qui m'en a parlé, car en tant qu'aînée elle connaissait bien des choses, pas seulement sexuelles, littéraires aussi. Le boucher est justement un livre bien écrit et qui trouble les jeunes filles. Particulièrement mes soeurs et moi, c'est de famille. Il s'agit d'une relation très intense et très puissante entre une jeune étudiante et ce boucher chez qui elle travaille l'espace d'un été. La sensualité de la viande qu'il manipule quotidiennement dans son métier rejoint la sensualité du corps de la femme. C'est un rustre, direct, mais qui a un certain talent oratoire (oral ?), il lui dit :
Elle se meurt de désir sur des dizaines de pages et finit par céder.
Assez torride. Je me souviens encore de la sensation qui envahissait ma culotte à la lecture, un trouble délicieux largement inédit. Peut-être étais-je encore vierge, je ne sais plus. J'avais beaucoup aimé, lire et relire Le boucher. Puis, j'avais dû le rendre à ma sœur.
Depuis, le monde a changé. Alina Reyes loue Dieu sur son blog. Ma vie également a pris une autre direction, moins aventureuse que ce dont j'avais rêvé. L'univers entier est devenu un océan de virtualité, un torrent de récits de toutes sortes, plus besoin de livre pour être troublée. Je n'ai plus jamais acheté de livres érotiques ou pornographiques, même pas La vie sexuelle de Catherine M., encore moins Fifty shades of grey. Ce n'est pas faute d'en avoir entendu parler mais par manque d'envie. Il y a des nouvelles érotico-sexuelles de piètre qualité sur internet, je m'en contente. Quand tout est accessible en deux clics, même si c'est moins bien, on ne fait plus l'effort. Et puis, il est vain de chercher à retrouver l'époque révolue et délicieuse des premiers émois littérico-sexuels.
Mes fantasmes aussi ont évolué avec le temps, les ruptures et les rencontres... pas la vocation d'une O, envie de prendre le pouvoir. La seule chose qui n'ait pas changé, c'est ma capacité infinie à fantasmer et à faire des cachotteries, même ici...
"Je parie que dans ta petite culotte tu es déjà mouillée. Tu aimes que je te parle, hein ? Ca te plairait de jouir rien qu'avec des mots... Il faudrait que je continue tout le temps... Si je te touchais, tu vois, ce serait comme mes paroles... Partout, doucement, avec ma langue..."
Elle se meurt de désir sur des dizaines de pages et finit par céder.
"Il riait de me trouver là, nue en pleine nuit dans son lit; et je sentais monter ma peur devant l'acte à accomplir, le corps de l'homme à découvrir. Je voulais aimer, je voulais Daniel, et j'accrochai désespérément ma peau à sa peau, ma chaleur à sa chaleur, et il entra en moi par deux, et par deux fois me fit mal et éjacula."
Assez torride. Je me souviens encore de la sensation qui envahissait ma culotte à la lecture, un trouble délicieux largement inédit. Peut-être étais-je encore vierge, je ne sais plus. J'avais beaucoup aimé, lire et relire Le boucher. Puis, j'avais dû le rendre à ma sœur.
Depuis, le monde a changé. Alina Reyes loue Dieu sur son blog. Ma vie également a pris une autre direction, moins aventureuse que ce dont j'avais rêvé. L'univers entier est devenu un océan de virtualité, un torrent de récits de toutes sortes, plus besoin de livre pour être troublée. Je n'ai plus jamais acheté de livres érotiques ou pornographiques, même pas La vie sexuelle de Catherine M., encore moins Fifty shades of grey. Ce n'est pas faute d'en avoir entendu parler mais par manque d'envie. Il y a des nouvelles érotico-sexuelles de piètre qualité sur internet, je m'en contente. Quand tout est accessible en deux clics, même si c'est moins bien, on ne fait plus l'effort. Et puis, il est vain de chercher à retrouver l'époque révolue et délicieuse des premiers émois littérico-sexuels.
Mes fantasmes aussi ont évolué avec le temps, les ruptures et les rencontres... pas la vocation d'une O, envie de prendre le pouvoir. La seule chose qui n'ait pas changé, c'est ma capacité infinie à fantasmer et à faire des cachotteries, même ici...
Vilaine...
RépondreSupprimerComme disait Mae West, "there are no good girls gone wrong, just bad girls found out" :)
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