vendredi 18 octobre 2013

Insolite

insolite
Bizarre, baroque, biscornu, curieux, anormal, inaccoutumé, étrange, inhabituel, incompréhensible, rare, singulier, saugrenu, étonnant, abracadabrant, cocasse, comique, drôle, original, hétéroclite.

 
C'est beau les synonymes. Même si les moteurs de recherche eux sont affreux.
 
Au lycée, une copine m'avait demandé quel était mon mot préféré, dans la langue française. Je ne savais pas, aucune idée. J'avais peut-être pensé : bleu ou noir, mes couleurs. Ou tomate, je les aime tellement dans mon assiette. Les oranges aussi.
 
Mais elle, Corinne, elle a dit un mot que je n'ai plus jamais oublié. Après, j'ai cherché un synonyme pour avoir un mot préféré différent du sien. Mais je n'ai pas pu, son mot préféré est devenu le mien.



PS: In English I love chasm that I just discovered. Even though it sounds like orgasm, chasm is a gap, an abyss, a hole, a cavity. It's what is inside, secretly hidden in the sand.

mercredi 9 octobre 2013

Lire des épreuves

Martine n'a plus que 438 copies à corriger
Il m'arrive d'écrire dans des livres alors bien sûr on me demande de relire les épreuves avant impression définitive.
 Une fois on m'avait prénommée Martine dans le communiqué de presse précédent la sortie éditoriale. Ca s'était diffusé partout, d'Amazon à Chapitre.com, je ne me reconnaissais plus. Je me demandais si je devais envisager de me rebaptiser de ce pseudo inattendu.
Surtout que Martine est une de mes héroïnes d'enfance. Souvent je pense à elle, à elle petit rat, à elle qui apprend la natation, à elle en metteure en scène de théâtre, à elle qui corrige même des copies sur Facebook, à elle qui fait toujours tout bien, tandis que moi je ne fais jamais rien bien. J'ai toujours adoré le chic de Martine, sa peau saine, ses cheveux bien coiffés et son chien Patapouf. Gamine, je me battais contre mes sœurs pour conserver ses albums près de mon lit.

Cette fois dans les épreuves, quand dans l'introduction les directeurs de l'ouvrage s'emploient à faire mousser les contributeurs, il est écrit "pour parler conne" suivi de mon nom.
 
La vie est pleine de surprises. D'épreuves.
 

samedi 28 septembre 2013

Moving


secret drawer
Last week, I opened my secret drawer. The drawer where I have locked in most of what is related to you. Presents, postcards, non-sent letters that I have written over the years. Inside, there is the little puppet, the silk scarf and the Little Prince you gave me. There's also my heart, broken into 1000 pieces. My memories. My tears,  your smile; your tears and my smile. In the old days, you were saying each girl has a secret drawer, full of love letters.

I usually avoid to open my secret drawer and to look at your cards. I don't wear your presents, even though I always wear scarves. I don't read you either, even though I'm a compulsive reader. But this time it was different. I was moving office, had to tidy everything up. I saw the card you sent on our first anniversary: "together forever". I re-read your words of love. They reminded me of mines. It was both moving and ironic.

I remembered the first time we met, at this boring reception. I hadn't understood your name, people were so noisy around and you were speaking too fast. You were funny and shy, both serious and not taking anything seriously. A nice guy with a malicious glance. I thought I would never see you again after this strange evening. How could I have imagined you would be the man I would most love, hate and regret in my whole life...  the guy who would patiently get me back to life and who would kill me afterwards. I was desiring you to get me back to life, for sure ; and maybe to kill me afterwards, who knows.

I saw you again, the day after the reception. It was the beginning of a beautiful and sad story. A story of lips and cream. A story of Circe and objet a.  A story of two lost children carrying their love and their lack.

You still are so much in my heart.
 
I can feel in peace with you, finally.

10 years to get in peace with you.

But I still can't throw anything away . And I don't feel able to open the secret drawer again.

vendredi 27 septembre 2013

Si loin, si proche

Chaque jour ou presque, je fais une visite chez Mouchette and co. En ce moment, je ressens de grandes émotions de lecture. Les surprises quasi-quotidiennes. Les textes qui viennent du fond des tripes - ou qui en donnent l'impression -, qui mettent face à ce qu'on voudrait ignorer, à des secrets, à des hontes, à ce qu'on a vécu ou désiré. Les morceaux d'enfance. Le style simple, direct, précis. Ca me remue. Je ressens de la joie.  Comme un enfant qui ouvre un paquet-cadeau. Puis, de la reconnaissance que ceci existe. Ces histoires, je peux m'y retrouver et m'y consoler. Je n'aurais jamais pensé que ça se rencontrait sur le web. J'en reste toute  émue, comme au début, quand je suis arrivée là par hasard, un jour de mélancolie. J'avais tapé une phrase sur Google : "Curedan me manque". Curedan est un garçon que j'ai connu et qui me manque toujours par moments, encore maintenant, c'est ma malédiction intime. Avec cette phrase de malédiction, Google donnait au moins 50 pages de résultats... j'ai commencé à explorer tout ça... suis tombée sur des tas de choses sans aucun intérêt... jusqu'à ce que j'arrive dans cet igloo gris et froid qui parlait de cinéma. Une cinémathèque avec à sa tête un projectionniste bizarre qui parlait des films mais pas seulement. Un vieux cow-boy qui racontait des histoires. Ce fut une bénédiction. J'ai pensé : ça aide à vivre.

En même temps je ne manifeste pas cette joie, je n'ose pas. Il ne faut pas. Le trip midinette qui s'extasie, ça l'irrite tellement,  M.Mouchette. Il fait la gueule, parfois, si je lui écris des choses gentilles. Question de pudeur. Et de finesse, de subtilité, d'humour quand chez moi tout est au premier degré, gros sabots comme disait mon prof de philo. Toujours à foncer tête baissée, à disséquer, à vouloir comprendre, à me donner une importance que je n'ai pas. M.Mouchette au contraire, le plus souvent, il rigole, il voulait juste s'amuser, fictionner tranquillement, pas devenir terrain scientifique pour universitaire. Il attend que je me lasse, pensé-je. La paix, enfin.

On ne se comprend pas toujours.  On se heurte. Je le crains. Autrefois, il m'avait envoyé bouler, assez violemment. Ca laisse des traces. Tout est marqué par cette genèse, même si au fil du temps on se connait mieux et qu'une petite engueulade virtuelle n'a jamais tué personne. Mais n'empêche, je garde un fonds de méfiance, je sais que je ne suis que tolérée sur cette île.  Qu'il peut publier en public des trucs privés, se foutre de ma gueule devant les foules silencieuses de son blog. Ou tout simplement m'ignorer. Il tient à garder ses distances. Je ne m'approche pas trop non plus. Peur qu'un souffle malheureux trouble le processus d'écriture, comme le battement d'aile du papillon. Car alors moi je serais triste de ne plus le lire. Il ne faut pas. Je me tais, tapie dans l'ombre.  Je m'écraserais, au besoin, comme souvent dans la vie.  Je regarde de loin. Parfois, de plus près, les photos. Cette semaine, j'ai cherché longtemps le livre caché dans le champ, sur mon écran. Mais le plus souvent, de loin.
Wenders

 

Si loin, si proche est le titre d'un film de Wenders.  Ange gardien de M.Mouchette, ça m'irait comme destin. Mais il va encore me dire qu'il n'a besoin de rien. Comme d'habitude. Donc je me tais.